Les mots du libre-échange à l’ère Trump
Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis marque un tournant dans l’ordre économique mondial et la conception du libre-échange. Entre protectionnisme assumé, renégociations d’accords commerciaux et rhétorique nationaliste, le vocabulaire autour des échanges internationaux prend un nouveau sens. Balises vous propose ce glossaire du libre-échange, à l’occasion de la rencontre du cycle « Le monde sur un fil » intitulée « La fin du libre-échange ? » organisée le 26 mars 2025 à 19h à Citéco, la Cité de l’Économie.
Le libre-échange est une doctrine économique prônant, par opposition au protectionnisme, la libre circulation des biens, des services et des capitaux entre les pays. Il est illustré par la célèbre formule de Vincent de Gournay : « Laissez faire, laissez passer » (1752).
Cette théorie, développée au 18e siècle par les économistes classiques comme Adam Smith et David Ricardo, soutient que des échanges commerciaux sans obstacles favorisent la croissance mutuelle des nations. Selon le principe des avantages comparatifs, chaque pays se spécialise dans ce qu’il produit le mieux, créant ainsi une interdépendance économique supposée bénéfique pour tous. Longtemps soutenues par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, les théories libre-échangistes ont façonné une économie mondiale globalisée, caractérisée par une réduction des barrières commerciales et une répartition négociée des échanges au niveau international. Mais les récentes décisions protectionnistes de l’administration Trump, adoptées sans concertation avec les partenaires commerciaux, bouleversent ce paradigme. Elles accélèrent l’affaiblissement du multilatéralisme commercial et favorisent les négociations de puissance à puissance dans un climat de démonstration de force.
Ce glossaire propose de décrypter les termes clés du libre-échange, pour mieux comprendre les enjeux et les tensions qui redéfinissent les relations économiques mondiales aujourd’hui.
Altermondialisme – America first – Chine – Droits de douane – Guerre commerciale – Impératifs écologiques – Mondialisation – Oragnisation mondiale du commerce (OMC) – Protectionnisme – Ressources stratégiques – Sanctions économiques – Souveraineté économique
Altermondialisme
L’altermondialisme est un mouvement international qui ne rejette pas la mondialisation en tant que telle, mais en conteste les fondements néolibéraux. Ses partisans plaident pour une régulation plus équitable des échanges commerciaux et une gouvernance attentive aux enjeux sociaux et environnementaux. À l’évocation de ce courant de protestation, on pense pêle-mêle à Attac, aux Forums sociaux mondiaux (« contre-sommets » de l’OMC ou de la Banque mondiale), et même à José Bové. Depuis la création du mouvement dans les années 1990, les altermondialistes scandent qu’un « autre monde est possible ». Mais au tournant du nouveau millénaire, leurs actions et revendications perdent en visibilité. Après le traumatisme des manifestations altermondialistes en marge du G8 à Gênes en 2001 (600 blessé·es et un mort), les modes d’action se transforment. La nouvelle génération de militant·es privilégie désormais d’autres formes de socialisation politique et s’attache à mettre en pratique, concrètement, des alternatives sur le terrain. Le mouvement se renouvelle à travers de nouvelles expressions : ZAD, Nuit Debout, les Soulèvements de la Terre, Occupy Wall Street… D’autres militants suivent leurs idéaux au sein de formations politiques comme Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.
Si les forums sociaux ne connaissent plus la même couverture médiatique ni l’affluence des années précédentes, les idées altermondialistes font leur chemin discrètement mais sûrement. Plusieurs combats altermondialistes ont ainsi été remportés : l’effacement de la dette de certains pays pauvres (dix-huit en 2005), l’application d’une taxe (Tobin) sur les transactions financières dans certains pays (dont la France, depuis 2012), ou encore la levée partielle du secret bancaire en Suisse, au Luxembourg et au Panama. Par ailleurs, le libéralisme recule dans « le schéma de valeur » de la population française (Ifop, 2023) : « 50 % déclarent aujourd’hui que le libéralisme leur évoque quelque chose qu’ils aiment, [contre] 70 % en 1999 ». Moins bruyant mais bien ancré, l’altermondialisme a finalement infusé dans les consciences collectives et continue d’alimenter la perspective d’une mondialisation alternative, solidaire et écologique, distincte des replis identitaires.
Pour aller plus loin : [Audio] « 20 ans après le contre-G8 de Gênes, où en est l’altermondialisme en France ? », Questions du soir – France Culture, 2 août 2021
America First
Ce slogan a été inventé par Woodrow Wilson (Président des États-Unis de 1913 à 1921) pour justifier la non-intervention américaine dans la Première Guerre mondiale. Donald Trump le reprend à son compte – comme leitmotiv de sa politique étrangère et commerciale – dès son premier mandat. Depuis, au nom de la primauté des intérêts américains, il retire son pays des instances internationales et renie les accords internationaux signés par ses prédécesseurs. Retrait des Accords de Paris, menace sur le soutien aux autres nations dans le cadre de l’OTAN notamment, renégociation l’accord de libre échange réunissant États-Unis, Mexique et Canada (ALENA) et de l’Accord de partenariat transpacifique avec plusieurs pays d’Asie, instauration de droits de douane sur de nombreux produits étrangers… Les États-Unis déclenchent une véritable guerre commerciale et perturbent l’ordre mondial.
Trump considère que les États-Unis sortent perdants du système de commerce international, pourtant fondé sur les règles définies en commun et considérées comme équitables. Quand il succède à Joe Biden en 2025, il reprend la politique isolationniste et protectionniste de son premier mandat : America First. Les États-Unis se retirent à nouveau des accords de Paris, mais aussi de l’OMS et d’autres accords multilatéraux. Trump restaure les droits de douane avec le Mexique, le Canada et la Chine en dépit des accords négociés de longue date. Clamant que trop d’argent américain est dépensé pour les autres, il menace à nouveau de se retirer de l’Otan et de laisser l’Europe et l’Ukraine assumer leur propre défense. Au nom de la sécurité économique de son pays, il annonce son ambition d’annexer le Groenland et le Canal du Panama, et menace de guerre économique le Canada, qu’il voit déjà devenir le 51ᵉ État du pays. La doctrine America First piétine les intérêts des autres nations, bouleverse l’ordre mondial et menace la paix dans l’objectif de restaurer la grandeur des États-Unis. Pour autant, les résultats ne sont pas là et pire, selon certains économistes, l’entrave au libre-échange pourrait entraîner les USA dans la récession.
Chine
La Chine affiche un excédent commercial de 970 milliards d’euros en 2024, et ses exportations ont augmenté de 40 % au cours des cinq dernières années et de 7 % en 2024. Cette même année, l’excédent de la balance commerciale chinoise avec les États-Unis atteint 360 milliards de dollars, et 250 milliards de dollars avec l’Union européenne. Le premier exportateur du monde a choisi le jeu de la régulation en intégrant l’OMC en 2000 et engage régulièrement des procédures de règlement de différends auprès de l’organisme. Sa dernière demande, datée du 4 mars 2025, concerne le passage de 10 % à 20 % des taxes douanières sur les produits chinois, décidé par les USA.
C’est l’histoire qui se rejoue, car sous son premier mandat, en 2018, Donald Trump avait engagé une guerre commerciale avec son rival économique en augmentant, déjà, les taxes douanières sur certains produits. Les deux puissances concluent un accord en 2020 : retrait d’une partie des taxes contre des promesses d’achat par la Chine de matériel américain. Mais la rivalité se ravive lorsque, dès le début de son mandat en 2025, Donald Trump décrète 10 % de droits de douane supplémentaires. En prévision, les importations américaines de produits chinois augmentent fortement les trois mois avant l’entrée en vigueur de ces nouveaux tarifs, et la Chine réagit en dévaluant sa monnaie de 4 % par rapport au dollar. Plusieurs solutions s’offrent à Pékin pour rétablir un certain équilibre avec son partenaire commercial américain : relancer le marché intérieur, même si celui-ci n’est pas très dynamique actuellement, et se tourner vers d’autres partenaires, notamment en Asie.
Droits de douane
Il s’agit d’une taxe, appliquée aux produits achetés à l’étranger, permettant d’avantager un produit national par rapport à un produit importé et de récupérer des recettes. Les droits de douane représentent ainsi les « ressources propres traditionnelles » de l’Union européenne, qui récupère 75 % des droits collectés par ses membres. Cette taxe « cachée » n’apparaît pas dans le prix final de l’article, et, bien souvent, c’est le consommateur qui en paye le prix par répercussion.
Les pays membres de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, qui négocient des tarifs depuis plusieurs décennies, doivent se conformer aux règles internationales et s’engager à ne pas dépasser un certain plafond (taux consolidé). Les règles n’autorisent des hausses douanières qu’à titre exceptionnel et sur une période maximale de six mois. Les renégociations sont encadrées par l’OMC afin d’assurer la stabilité, la prévisibilité et la transparence des échanges.
Guerre commerciale
Une guerre commerciale est déclarée quand un ou plusieurs partenaires se trouvent désavantagés dans les échanges commerciaux par l’instauration unilatérale de taxes à l’exportation, de quotas, de règlements contraignants ou de subventions à l’exportation. La taxe douanière est l’outil du protectionnisme le plus parlant pour le citoyen ou la citoyenne, mais pas forcément le plus efficace pour protéger l’économie d’un pays. Selon Robert Mundell, prix Nobel d’Économie en 1999, la hausse des droits de douane provoque de nombreux effets négatifs sur l’économie du pays qui la décide.
Pourtant Donald Trump s’en saisit comme argument politique dans sa campagne. Durant ses mandats, il utilise la taxe douanière comme un outil de la diplomatie, cherchant à faire plier ses partenaires sous la menace et les contraindre à passer un « meilleur deal ». Faisant fi de l’accord commercial qui les reliaient depuis plus de trente ans, l’administration Trump instaure, le 12 mars 2025, de nouveaux droits de douane de 25 % pour les produits en provenance du Mexique et du Canada (hors énergie pour le Canada, taxée à 10 %). La taxe étasunienne sur l’acier et l’aluminium, un temps annoncée à hauteur de 50 %, sera finalement fixée à 25 % et s’appliquera à tous les pays. Les produits chinois subissent une taxe augmentée de 10 %… Et l’Europe est suspendue à la menace de 25 % de taxes supplémentaires. Tour à tour, les pays concernés répliquent par des taxes douanières sur les produits américains, tout en déplorant les répercussions sur leurs économies et sur l’équilibre mondial. En réponse, le Président étasunien surenchérit en évoquant de nouvelles sanctions douanières : 200 % sur tous les vins, champagnes et alcools importés.
Impératifs écologiques
Lors de son discours d’investiture du 20 janvier 2025, Donald Trump renouvelle sa promesse de mettre fin au Green New Deal, de faire « la guerre aux éoliennes » et d’utiliser « l’or liquide sous nos pieds » [le pétrole] pour « faire baisser les prix » et « exporter de l’énergie américaine dans le monde entier ». Autant de propositions en contradiction totale avec les impératifs écologiques fixés à l’échelle mondiale pour ralentir le réchauffement climatique.
La vague populiste qui s’étend à l’international relègue les impératifs écologiques au second plan comme en témoignent la montée du climatoscepticisme d’État, les guerres économiques qui se multiplient, ou la résolution du conflit en Ukraine par la répartition des ressources minières du pays. Aux USA, les normes environnementales sont considérées comme une entrave à l’économie et la prospérité nationales.
L’engagement globalisé des gouvernements à réduire l’empreinte carbone des activités humaines demeure pourtant essentiel pour assurer la survie de l’espèce humaine. Des mesures ont été prises pour engager les pays dans cette transition écologique, notamment depuis la signature de l’Accord de Paris, traité international juridiquement contraignant. Adopté en 2015 par 196 pays lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (Cop21), il a pour objectif primordial de maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en-dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels ». Or, l’annonce de la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris constitue un sujet d’inquiétude pour le reste du monde. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU (Giec) indique d’ailleurs que « le franchissement du seuil de 1,5°C risque de déclencher des impacts beaucoup plus graves sur les changements climatiques, notamment des sécheresses, des vagues de chaleur et des précipitations plus fréquentes et plus graves ». Lorsque les impératifs écologiques deviennent facultatifs, il y a donc des conséquences pour la planète.
Mondialisation
La mondialisation, connue aussi sous le terme de « globalisation », est un concept universel, difficilement réversible, qui s’accélère depuis les années 1970. Il s’agit du processus par lequel les pays deviennent interconnectés grâce aux échanges économiques, culturels, technologiques et politiques. La mondialisation favorise la circulation des biens, des idées, des personnes et des informations à l’échelle mondiale. Avec l’essor des moyens de transport et de communication (Internet, téléphonie mobile…), les échanges sont désormais internationalisés, et les biens, les capitaux, les entreprises et les populations, de plus en plus mobiles. Les conséquences ? Effacement progressif des frontières, interdépendance croissante entre les nations et leurs économies et mise en concurrence accrue des acteurs économiques.
Elle entraîne aussi la nécessité de traiter certains dossiers au niveau mondial et non plus national : crises financières, crises sanitaires (développement et distribution du vaccin contre le Covid-19 par exemple), problèmes environnementaux, gestion des ressources énergétiques…
Organisation mondiale du commerce (0MC)
L’Organisation mondiale du commerce (ou World Trade Organization, WTO) voit le jour le 1er janvier 1995. Le mur de Berlin est tombé, l’URSS n’est plus, le libre-échange vit son apogée : cette doctrine est alors réputée garantir paix et prospérité pour toutes et tous. L’OMC prend la suite de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), avec des prérogatives et des pouvoirs sans précédent. D’une part, elle dispose d’une personnalité juridique permettant d’imposer des règles communes et de contrôler leur application ; d’autre part, l’OMC dispose d’une procédure de règlement des différends commerciaux entre pays membres ; enfin, elle couvre un éventail plus large de secteurs économiques, notamment la propriété intellectuelle et l’agriculture.
Puissant levier multilatéraliste, l’OMC et ses 168 membres (98 % du commerce mondial) voit son influence décroitre depuis une quinzaine d’années. Avec la guerre en Ukraine, le fiasco du seul cycle de négociation mené par l’OMC (dit de Doha), et la pandémie de Covid-19 qui a déréglé les chaînes de valeur mondiales, le temple du libre-échange vacille. Cerise sur un gâteau déjà bien amer : l’Amérique trumpiste, la multiplication des réflexes protectionnistes, la désindustrialisation de l’Europe et les conséquences déjà fortes du dérèglement climatique, ont achevé de saper les fondations de cette institution.
Trente ans après sa création, l’OMC est diagnostiquée en « état de mort cérébrale » (comme a pu l’être son pendant sécuritaire, l’OTAN). Les pays du Nord n’ont plus la mainmise sur le commerce mondial et voient les pays en développement former des coalitions de blocage contre des accords jugés trop peu avantageux pour eux. Le multilatéralisme a du plomb dans l’aile, alors l’OMC tente de se réinventer en intégrant les nouvelles préoccupations mondiales : commerce numérique, normes environnementales, droits sociaux, etc. Mais la montée des tensions géopolitiques fragmente le monde en blocs économiques rivaux et les points d’accords se raréfient.
Protectionnisme
Le protectionnisme est une politique économique menée par un État pour soutenir sa production nationale, ses entreprises et ses emplois, de la concurrence étrangère. Pour cela, il met en place des mesures faisant obstacle à l’importation comme des taxes douanières ou des quotas (limites sur la quantité de produits étrangers pouvant entrer dans le pays), soutient les exportations par des subventions (aide financière accordée aux entreprises locales pour les rendre plus compétitives) ou les restreint pour protéger son marché intérieur.
La Russie a par exemple imposé des restrictions sur l’importation de produits alimentaires et industriels en provenance des pays occidentaux (UE, États-Unis, etc.) pour promouvoir la production nationale et éviter une dépendance aux pays qui soutiennent les sanctions contre elle. Cette politique, que d’autres puissances reprennent à leur compte (États-Unis, Europe…), entraîne cependant des pénuries et des hausses de prix importantes dans certains secteurs. Elle atteint aussi directement l’économie des pays les plus pauvres de la planète.
Ressources stratégiques
On entend par ressources stratégiques les produits agricoles, les minerais, l’eau et les combustibles carbonés (charbon, gaz, pétrole). Elles ont comme point commun d’être d’importantes sources de revenus pour les exportateurs, mais aussi des leviers d’indépendance. L’exportation de ces ressources, indispensables aux populations, alimente les tensions lorsque les pénuries se multiplient.
Les terres rares sont des métaux et des composés métalliques utilisés dans de nombreux procédés de fabrication de haute technologie : batteries, écrans, téléphones portables, ampoules basse consommation, véhicules hybrides, rotors d’éoliennes, missiles, imagerie médicale. Elles sont essentielles à la transition énergétique et aux industries de pointe. Les États-Unis lorgnent sur les vastes réserves de minerais présents dans le sol ukrainien. Ces métaux constituent un enjeu crucial dans les discussions sur la résolution du conflit, y compris pour les Européens.
Sanctions économiques
Les sanctions économiques sont des mesures coercitives de nature commerciale ou financière, adoptées par un État ou un groupe d’États (par exemple l’ONU), dans le but de faire pression et de contraindre un autre à respecter des engagements ou à cesser des actes jugés répréhensibles. Les raisons des sanctions peuvent être économiques, politiques, liées au non-respect des droits humains, ou à des violations de règles internationales.
L’Iran subit des sanctions, prises par les États-Unis, l’Union Européenne, l’ONU, le Canada et la Grande Bretagne, pour son programme nucléaire, ses activités militaires (comme la fourniture de drones à la Russie) et ses violations des droits humains (notamment lors des manifestations en 2022-2023). Les exportations de pétrole et de gaz iraniens sont limitées, les banques iraniennes sont exclues des marchés financiers internationaux, des responsables iraniens liés à la répression des manifestations ont été sanctionnés avec des gels d’avoirs et des interdictions de voyage. Par ailleurs l’accès à certaines entreprises technologiques (fabricants de matériel informatique, de semi-conducteurs, opérateurs de télécommunications, géants de l’Internet) et aux logiciels occidentaux (Microsoft, Adobe) est restreint pour l’Iran.
Souveraineté économique
La souveraineté économique d’un pays correspond à sa capacité de contrôle de la production et de l’approvisionnement de certains biens et marchandises stratégiques. La politiste Sarah Guillou différencie la souveraineté du protectionnisme : « c’est une interdépendance équilibrée. » La puissance d’un État souverain dépend donc de ses richesses naturelles, de son tissu industriel et de sa position sur le marché international. Pour étendre leur puissance économique et garantir leur autonomie, certains pays sont ainsi prêts à coloniser d’autres États pour s’approprier leurs richesses naturelles, comme les États-Unis qui lorgnent sur le Groenland, ses terres rares et métaux, ou encore la Russie qui a envahi l’Ukraine, pays riche en minerais.
La quête d’une meilleure souveraineté économique par un État peut donc déséquilibrer les échanges et, parfois, représenter une menace pour des partenaires commerciaux trop dépendants de biens produits au-delà de leurs frontières. « Des approvisionnements vitaux ont été menacés par le comportement égoïste ou agressif de partenaires », confirme l’économiste François Chimits dans Le Monde du 24 février 2024. Récemment, en menaçant le Danemark de fortement élever ses droits de douane sur ses exportations s’il ne lui cédait pas le Groenland, Donald Trump a affirmé au monde sa volonté de garder la main de l’économie mondiale. Pour le président des États-Unis, la guerre commerciale devient ainsi une arme diplomatique.
Dans le contexte actuel tendu, avec la guerre en Ukraine, les dérèglements climatiques et les menaces économiques étatsuniennes (droits de douane à 25 % sur toutes les importations), l’Europe prend conscience de la nécessité de construire sa propre souveraineté économique, garante de son autonomie.
Publié le 19/03/2025 - CC BY-SA 4.0
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Souveraineté économique. Analyse et stratégies
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Alors que la France s’est désindustrialisée pendant cinquante ans et a privilégié le libre-échange, la pandémie de Covid-19 a bouleversé la situation et prouvé la perte de la souveraineté industrielle. L’ouvrage analyse les politiques mises en place pour conserver les capacités de production française sur les activités les plus stratégiques. © Électre 2023
À la Bpi, 339.37 PIL
Vers l'écologie de guerre. Une histoire environnementale de la paix
Pierre Charbonnier
La Découverte, 2024
L’étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c’est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d’une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l’axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d’exploiter la nature, d’échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s’effacent, il fallait d’abord lutter contre la rareté des ressources naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l’humanité, qui sera celui des sciences, des techniques, du développement. Ces idées, que l’on peut faire remonter au 18e siècle, ont trouvé au milieu du 20e siècle une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la productivité. Ainsi, la paix, ou l’équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des fossiles, notamment du pétrole. Au 21e siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les limites planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C’est dans ce contexte qu’émerge la possibilité de l’écologie de guerre, selon laquelle soutenabilité et sécurité doivent désormais s’aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu’ils apprennent à parler le langage de la géopolitique. (note de l’éditeur)
À la Bpi, 320.7 CHA
Histoire et avenir de l'Organisation mondiale du commerce
Craig VanGrasstek
Organisation mondiale du commerce, 2016
En s’appuyant sur des sources humaines, documentaires et statistiques, l’auteur retrace l’histoire de l’OMC, de sa création en 1995 jusqu’à ses dernières réalisations. Il parle également des défis qui se posent à l’OMC et les principales questions auxquelles ses membres devront répondre dans l’avenir.
À la Bpi, 334.34 VAN
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