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Objets musicaux imprimés

L’édition musicale indépendante est dominée par une poignée de passionnés qui proposent des productions exigeantes. Le livre est au cœur de leur offre, imposant sa matérialité, sa pérennité et son esthétique face à la dématérialisation de la musique.

Tour d’horizon des formats proposés, pour accompagner le cycle « Réverérations » qui se déroule à la Bpi en 2021.

Des ouvrages de référence

Au début des années deux-mille, la dématérialisation de la musique a facilité l’accès à des productions de niche. Cela a permis l’émergence d’un marché éditorial pour un public exigeant, à la recherche d’informations de référence. Les maisons d’édition Allia, Le Mot et le Reste ou encore Le Castor Astral couvrent aujourd’hui toutes les scènes des musiques actuelles.

Par exemple, avec le livre sur les origines du hip-hop Can’t Stop Won’t Stop de Jeff Chang, Allia a édité une véritable somme (670 pages). L’ouvrage ne se limite pas à décrire l’émergence d’un genre mais allie l’expertise musicale à une analyse du contexte social et politique. Réédité quatre fois et vendu à 15 000 exemplaires, c’est devenu « un classique, encore inégalé aujourd’hui », selon Gérard Berréby, fondateur des éditions Allia.

Des formats originaux

Des éditeurs indépendants de plus petite taille produisent quant à eux, de façon quasiment artisanale, des ouvrages se rapprochant du livre-objet ou du livre d’artiste. Tout en prenant la musique comme sujet, ils l’abordent sous différents formats : les textes s’accompagnent d’enregistrements originaux, de poèmes, d’images ou de partitions qui en font des objets singuliers. 

Musica Falsa fournit un bel exemple de ces livres vivants avec Les Jardins de l’écoute, qui mêle le bruit des plantes et du vent à une réflexion sur la pensée du sonore, à travers un dialogue entre le compositeur Jean-Luc Hervé et la philosophe Anne Cauquelin.

Les Jardins de l’écoute, de Jean-Luc Hervé et Anne Cauquelin, Musica Falsa. © Élie Kongs

Le fanzine a toujours la cote

L’édition musicale passe aussi par des productions totalement indépendantes et artisanales : les fanzines. De l’anglais fanatic magazines, ils sont l’œuvre d’amateurs soucieux de partager leur passion et de faire découvrir des artistes. Le fanzinat musical français, développé dans les années quatre-vingt, s’intéresse à tous les genres musicaux, avec une prédilection pour le rock et la culture punk. 

Certains fanzines, comme Abus Dangereux et Rock Hardi, existent depuis une quarantaine d’années. D’autres sont nés récemment, tels le breton Arvar sur le ska punk ou le parisien Idées noires sur la scène skinhead antifa. Auto-édités et à la publication irrégulière, ils sont diffusés chez des disquaires, des libraires, lors de concerts ou par correspondance. Par le soin apporté à leur esthétique, ces fanzines deviennent parfois eux-mêmes des objets de collection.

Publié le 25/01/2021 - CC BY-SA 4.0

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