Série

Appartient au dossier : Observez la biodiversité avec les sciences participatives

Observez la biodiversité #4 : près des mares
Les amphibiens

Mares, marais, rivières, et autres zones humides abritent de nombreuses espèces. Pourtant, 67 % des zones humides ont déjà disparu depuis le début du 19e siècle. Les amphibiens sont directement affectés par la perte de cet écosystème et notamment la grenouille des champs et le Pélobate brun.

Les projets scientifiques qui s’intéressent à la biodiversité s’appuient sur l’inventaire du vivant. Devant l’ampleur de la tâche, les scientifiques multiplient les projets de sciences participatives et font appel aux particuliers pour les aider à collecter des données sur les différentes espèces qui peuplent nos mares et autres points d’eau, connaître leur nombre et dresser un inventaire de leur diversité. Balises vous présente un nouveau projet par semaine sur différents milieux.

Grenouille des champs
Grenouille des champs par MallaurieBrach,[ CC BY-SA 4.0] via Wikimedia Commons

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Les amphibiens, principales victimes d’un écosystème sous tension

La liste rouge des espèces menacées en France métropolitaine fait état de 14 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens, 32 % des oiseaux nicheurs, 19 % des poissons d’eau douce et 28 % des crustacés d’eau douce menacés de disparition. Les conditions de survie de la faune sauvage sont intimement liées aux zones humides. Or, celles-ci sont menacées de disparition par le drainage agricole qui redirige les eaux de surface vers les zones cultivées, l’intensification agricole, le comblement des mares, les projets d’urbanisation ou encore l’invasion des eaux de surface par des espèces exotiques telles que les écrevisses américaines… L’usage des pesticides à proximité, la pollution ou le réchauffement climatique contribuent à la dégradation de cet écosystème fragile.

Les amphibiens sont particulièrement touchés, car ils sont très sensibles à la qualité de leur milieu. Une espèce d’amphibiens sur cinq risque de disparaître de France métropolitaine, d’après le dernier recensement en 2015, effectué pour actualiser la Liste rouge.

Si ces récents constats confirment la menace qui pèse sur certaines espèces, ils montrent également l’importance de recueillir des données sur le terrain pour nuancer l’état des lieux et orienter les actions. Ainsi, la grenouille des champs ou grenouille oxyrhine, dont la présence n’a été établie que dans quatre départements (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Bas-Rhin), a fait l’objet d’un suivi scientifique poussé en raison de sa classification en tête de la Liste rouge.

Observer les « dragons » des mares

Pour accroître les données, les CPIE (Centres permanents d’initiatives pour l’environnement), le Musée national d’histoire naturelle et la SHF (Société herpétologique de France) ont lancé une opération de sciences participatives au nom intrigant : « Un dragon ! dans mon jardin ? ». Ce projet invite, depuis 2008, petits et grands à observer et prendre en photo les reptiles ou amphibiens qu’ils débusquent. Près de 9 000 observations ont été enregistrées dans toute la France. Plus des deux tiers concernent les amphibiens. Les résultats comportent des clichés pris sur des domaines privés, inaccessibles aux scientifiques.

Les chasseurs de « dragons » sont invités à identifier l’animal photographié à l’aide d’images, en procédant par étapes. Cette démarche est surtout destinée à favoriser l’apprentissage et la sensibilisation à biodiversité, car un « dragonnier » se chargera de valider la proposition. Ce dernier est un volontaire, adhérent de la SHF, d’un CPIE ou d’une autre association naturaliste.

Toutes ces données sont ensuite remontées à la SHF et font avancer les connaissances. Elles contribuent à la mise à jour de la Liste rouge. Par exemple, la découverte de nouvelles populations de grenouille des champs a permis de déplacer l’espèce de la catégorie CR (en danger critique) à EN (en danger) sur la liste des espèces en danger. Une meilleure connaissance des territoires occupés par cette espèce et l’analyse des échanges de population entre territoires permettra de mesurer plus finement les risques d’extinction de cette grenouille.

D’autres programmes autour des mares

Des projets d’observation de la faune plus généraux permettent de remonter des données sur les amphibiens. Ils sont recensés sur le portail des sciences participatives OPEN. D’autres observatoires, destinés à des naturalistes plus aguerris, ciblent des espèces de zones humides comme les libellules ou les odonates, insectes dépendant d’un point d’eau à l’état larvaire.

Pour contribuer à la préservation des mares, sans compétences particulières, vous pouvez participer à leur inventaire à travers plusieurs programmes nationaux ou locaux :

  • « Mares, où êtes-vous ? » réalise une cartographie des mares à partir des déclarations des bénévoles dans le but de suivre l’évolution des mares et de leur santé dans le temps. Les associations qui pilotent ce projet délivrent également des conseils aux propriétaires de mares et organisent des sorties pour informer sur l’importance des mares ;
  • l’Inventaire des mares d’Île de France concerne un territoire plus restreint. Il est animé par la Société nationale de protection de la nature (SNPN) depuis 2010 et a déjà permis de recenser et décrire plus de 23 300 mares ;
  • le Recensement des mares des Hauts-de-France réalise une cartographie des mares de la région Hauts-de-France à partir des observations des particuliers ;
  • « Mares à compter » recense les mares sur le département de l’Allier. Le projet initial était destiné aux scolaires. Il a été élargi au grand public. Il a permis de restaurer 34 mares dans le cadre du programme de restauration par le Conservatoire d’espaces naturels de l’Allier.

Publié le 22/03/2021 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

La Vie secrète de ma mare. J'observe la nature à fleur d'eau

Gilles Leblais
Terre vivante, 2019

À la Bpi, niveau 2, 573.1 LEB

Conserver les milieux humides : pourquoi ? Comment ?

Geneviève Barnaud
Quae, 2007

À la Bpi, niveau 2, 573.1(269) BAR

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