En chiffres

50 % de perte de richesse de notre microbiote en 70 ans

Le microbiote est l’ensemble des micro-organismes vivant dans un écosystème donné. L’écosystème de l’être humain abrite plusieurs microbiotes (buccal, cutané, vaginal…), mais le plus étudié et le plus connu est le microbiote intestinal. Il joue un rôle essentiel dans le maintien de notre santé. Or, de récentes études révèlent qu’il s’est considérablement appauvri en raison de nos modes de vie. À l’occasion de la rencontre «Tout savoir sur le microbiote» du 14 mars à la Bpi, Balises vous explique comment les chercheur.euses sont parvenu.es à ce constat.

Dessin intestin humain avec bactéries du microbiote
DataBase Center for Life Science, CC0, Wikimédia Commons

Le microbiote intestinal contribue à notre santé

Le microbiote intestinal participe au bon fonctionnement de notre organisme. Il produit des vitamines, aide à la digestion, protège notre intestin d’agents pathogènes et stimule notre système immunitaire. Chez un individu sain, il est composé de 50 000 milliards bactéries et de plus de 200 espèces différentes. C’est plus que le nombre de cellules humaines présentes dans notre corps !

Notre connaissance du microbiote intestinal humain est relativement récente. Depuis les années 2000, celle-ci s’est considérablement développée avec la méthode technique de biologie moléculaire : la métagénomique. Elle consiste en un séquençage de l’ADN du microbiote et permet, pour la première fois, d’en avoir une analyse fine et détaillée.

Des études révèlent une perte de la richesse de notre microbiote

En analysant les microbiotes de populations vivant dans les pays occidentaux industrialisés, deux études réalisées en 2008 et 2015 constatent que ceux-ci sont moins diversifiés et riches en bactéries que durant la période qui précède la Seconde Guerre mondiale ou que celui des populations habitant dans d’autres régions du monde. Plusieurs travaux de recherche démontrent l’existence d’un lien entre déséquilibre du microbiote et certaines pathologies (diabète, obésité, allergies, cancers…).

Les hypothèses des chercheurs

Les causes de cette altération semblent être liées à nos habitudes alimentaires et d’hygiène, mais sont aussi imputables à des facteurs externes, comme les effets de l’industrialisation et du mode de vie urbain (stress, pollution, produits chimiques…) sur l’homme. Ainsi nos ancêtres qui vivaient avant les années 50 avaient un microbiote plus riche, du fait d’une alimentation plus diversifiée, saine et abondante en fibres. Des mesures d’hygiène trop strictes au quotidien, en particulier les gestes et pratiques de soin prodigués aux nouveau-nés  moment crucial pour le développement de son microbiote –, ainsi qu’un recours trop fréquent aux traitements antibiotiques, figurent parmi les autres facteurs de perturbation évoqués.

Par ailleurs, la majeure partie des données du microbiote intestinal humain sont ethnocentrées, et ne concernent que les populations blanches des pays occidentaux. Un projet à but non lucratif, le « Global Microbiome Conservancy », s’intéresse aux microbiotes des populations issues d’autres régions du monde, notamment dans les zones pauvres et rurales, et réalise des études comparatives. Les analyses mettent en évidence que les chasseurs-cueilleurs, en Afrique et en Australie, menant un type de vie communautaire, ont le microbiote intestinal le plus riche, avec des bactéries que l’on ne retrouve pas dans les organismes occidentaux.

La multiplication d’études scientifiques sur le microbiote intestinal humain permet d’envisager de nouveaux traitements (transplantation fécale, probiotiques), qui participent à l’amélioration de la santé et du bien-être des personnes, notamment celles atteintes de maladies intestinales. Ces études montrent aussi que notre microbiote intestinal évolue tout au long de notre vie, et que nous pouvons, par des actions au quotidien, le maintenir ou le renforcer afin de garder une bonne santé.

Publié le 04/03/2024 - CC BY-SA 4.0

Incroyable microbiote ! Voyage au cœur des étonnants pouvoirs de l'intestin

Julien Scanzi
Éditions Leduc, 2022

Des explications sur le rôle du microbiote, sur son influence sur la santé et sur les diverses maladies que peuvent engendrer des troubles de l’intestin. L’auteur donne des conseils pour agir sur le microbiote grâce aux prébiotiques, aux probiotiques, aux aliments fermentés, à l’alimentation et à l’activité physique. © Électre 2022

À la Bpi, niveau 3, 616.3(076) SCA

Le Microbiote intestinal, un ami qui vous protège ? Vers la prévention et un traitement précoce des maladies chroniques

Patrick Hillon
Eyrolles, 2020

Les progrès rapides des connaissances sur les relations entre la santé et le microbiote intestinal modifient l’approche de nombreuses maladies (diabète, obésité, maladies vasculaires, neurologiques, auto-immunes), tant au niveau de la prise en charge des patients que de la recherche de nouveaux traitements. Un exposé de l’état du savoir concernant cet écosystème. © Électre 2020

À la Bpi, niveau 3, 612 HIL

Présentation en anglais du projet MEtaHIT (METAgenomics of the Human Intestinal Tract) | Gut Microbiota for Health

MEtaHIT est le premier projet européen, coordonné par Stanislav Dusko Ehrlich et initié en 2008, qui s’intéresse au microbiote intestinal humain pour lutter contre l’obésité et les maladies inflammatoires de l’intestin.

Projets. Contribution citoyenne nationale pour faire avancer la science du microbiote | mgps.eu

Projets dirigés par Métagénopolis, l’unité de recherche de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) sur le microbiote humain et animal, French Gut en France et Million Microbiome of Humans Projets (MMHP) dans le monde mènent des études comparatives sur le microbiote intestinal humain afin de mieux comprendre ses facteurs d’évolution et sa diversité selon les individus.

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