Portrait

Poli : revue politique et polyphonique

Médias - Politique et société

Couverture de Poli n°5

Depuis son lancement en 2009, la Bpi accompagne la parution des différents numéros de la revue Poli, politique de l’image. 
Poli interroge les cultures visuelles et interactives, en s’intéressant aux objets habituellement absents de la recherche universitaire : la musique pop, le jeu vidéo, la télé, le sport, la mode…
En cela, elle rejoint les préoccupations de la Bpi en matière de transdisciplinarité et de promotion de tous les médias.
A l’occasion de la soirée du 7 avril 2014 sur les images de la sciences, présentation de la revue.

À la fois exigeante et impertinente

Dans la galaxie des mooks, ces objets éditoriaux mi-livre mi-revues qui ont fleuri à la fin de la décennie précédente (comme la revue XXI ou 6 mois) bien peu sont ceux qui comme Poli ont passé le cap de la 5ème année. Souvent tentés par les même sujets vendeurs et une mise en page fun, ils peinent à affirmer une ligne éditoriale originale. Ce n’est pas le cas de Poli qui a la particularité de s’adosser sur un comité de rédaction alliant rigueur scientifique et positions artistiques pointues. Ainsi, la soirée de lancement de la revue organisée par la Bpi présentait une réflexion universitaire sur les industries culturelles au prisme des fan studies. Pour illustrer cette réflexion, des concerts de groupes de la scène alternative parisienne ont interprété chacun un remix d’un titre de Britney Spears.

Une approche anti-disciplinaire

L’influence des cultural studies

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Illustration de Marion Candy pour la soirée De but en blanc, une autre histoire du foot français (1982-2010), ayant eu lieu le 9 mai 2011 à la Bpi


Poli est très marquée par le courant des cultural studies. Il s’agit d’un courant né en Angleterre dans les années 1960 avec des chercheurs comme Richard Hoggart ou Stuart Hall. Leurs travaux s’intéressent particulièrement à la culture populaire, aux contre cultures et en général les rapports entre culture et pouvoir, transgressant ainsi la culture académique. Popularisées aux Etats-Unis dans les années 1970 où elles sont mises en perspective avec la French theory de Foucault ou Deleuze, elles s’élargissent dans un second temps aux post-colonial studies, gender studies ouvisual studies. Elles ont marqué durablement la recherche en sciences humaines dans les pays anglo-saxons, puis progressivement dans le reste du monde.


Poli croise les approches anthropologiques, philosophiques et artistiques sur des sujets aussi variés que les animaux, l’écologie ou l’alimentation, au prisme des médias et des représentations. Pour éviter un regard ethnocentriste, elle fait appel à des contributeurs internationaux.
 

Deux exemples

​Le numéro de juin 2013, Les imaginaires comestibles, questionne ainsi les nouveaux faits sociaux et les nouvelles représentations liées à la nourriture : les émissions télévisées culinaires, l’utilisation de la viande dans l’art ou les fat studies comme nouveau champs descultural studies. La vogue actuelle des émissions de compétition culinaire n’est-elle pas le symptôme de la représentation néo-libérale du “talent” culinaire comme technique de soi ? En quoi le mouvement slow food est-il un moyen d’émancipation face au capitalisme industriel ?

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Les mangeurs, Anne-Perrine Couët, illustration de la revue Poli #7

Le n°5 et son dossier intitulé En découdre avec la mode questionne la mode comme temporalité : quels sont les rapports de pouvoir qui sous-tendent la définition de l’”air du temps” ? La mode verse à la fois de plus en plus dans l’événementiel (les fashion weeks), dans l’éphémère (les blogs de mode) et dans la patrimonialisation qui suppose un temps long (muséification de la haute couture). Abordée uniquement dans ces aspects esthétiques par la plupart médias, Poli interroge ici les aspects politiques et sémiologiques de la mode.

Publié le 02/04/2014 - CC BY-SA 4.0

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