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Quelle place pour l’autorité religieuse dans les sociétés d’aujourd’hui ?

L’autorité religieuse prévaut encore aujourd’hui dans nombre de sociétés. Les rapports sont parfois continus dans l’histoire avec les autorités politiques. Mais dans nombre de sociétés occidentales, la sécularisation et l’application de la laïcité, aussi variées soient-elles selon les pays, obligent les religions à s’adapter. Balises vous propose une sélection d’ouvrages pour accompagner la rencontre : « Les institutions religieuses dans et face à l’Histoire – Quelles modernités des religions ? », en juin 2023 à la Bpi.

Esplanade de la cité du Vatican, où se pressent de nombreux visiteurs
Photo de Michael Martinelli sur Unsplash

La religion fait encore autorité partout à travers le monde : on en trouve des exemples dans l’islam ou le judaïsme, associé au pouvoir politique dans certains pays, dans le catholicisme, qui demeure un pouvoir puissant malgré son recul dans les sociétés occidentales, ou même dans le yoga utilisé par l’Inde comme un outil diplomatique et un instrument identitaire. Dans tous les cas, les mouvements religieux influencent le cours des événements mondiaux en générant ou en apaisant les conflits selon les cas.

Publié le 05/06/2023 - CC BY-SA 4.0

Faire autorité. Les religions dans le temps long et face à la modernité

Dominique Avon
Presses universitaires de Rennes, 2017

La « modernité » peut être définie comme l’expression collective de la remise en question d’une représentation holistique de l’être en société centrée autour de Dieu. Les autorités religieuses résistèrent à cette tentative d’émancipation dans les champs de l’économie, de la politique, de la justice et de la culture (donc des sciences), susceptible de déboucher sur d’autres formes de subordination. Les magistères qui relevaient du christianisme et, dans une moindre mesure, du judaïsme, furent les premiers concernés. Leurs divisions favorisèrent un processus de sécularisation non linéaire, qui fut partiellement accepté, moyennant des réserves dans le champ éthique notamment. Du fait de la première mondialisation, que fut la colonisation européenne, les autorités religieuses non chrétiennes furent également touchées par cette problématique, augmentée de celle de la lutte contre le monde « occidental » et « libéral ». Et, à partir des années 1960, c’est du sein même de cette « modernité » que furent aiguisées de nouvelles armes contre elle.

L’intérêt de cet ouvrage est double. En inscrivant le propos dans la longue durée, il permet de poser des jalons de la construction des autorités religieuses, de leur remise en question puis des formes d’adaptation aux situations nouvelles. En offrant des possibilités de mise en regard avec, par exemple, le sunnisme et le confucianisme, il ouvre la voie d’un comparatisme fécond, qui existe en anthropologie mais qui reste encore trop rare en histoire. (résumé de l’éditeur)

À la Bpi, niveau 2, 291 FAI, et sur OpenÉditions

L'Histoire religieuse contemporaine en France

Dominique Avon
La Découverte, 2022

Le paysage confessionnel français est marqué désormais par une grande diversité. Cette réalité n’est que depuis très récemment prise en compte dans le champ de l’histoire religieuse contemporaine. Cet ouvrage constitue la première grande synthèse portant sur la manière dont l’historiographie française a articulé religions, sécularisation et modernité.

À la Bpi, niveau 2, 2(091) AVO

Yoga : l'encyclopédie

Ysé Tardan-Masquelier
Albin Michel, 2021

En ce début de 21e siècle, la pratique du yoga connaît un succès planétaire. S’agit-il d’une mode exotique, d’un simple désir de bien-être, ou, plus profondément, de l’aspiration à une forme de sagesse incarnée ? Même lorsqu’ils se réfèrent à une mythique « Inde éternelle », les yogas d’aujourd’hui relèvent d’une histoire riche et complexe. Imbriquée dans les relations entre cultures, religions et puissances politiques, celle-ci n’a cessé d’évoluer depuis les temps védiques jusqu’à notre post-modernité.

À la Bpi, niveau 2, 298.13(03) YOG

Les Hindous, les Autres et l'Ailleurs. Frontières et relations

Mathieu Claveyrolas et Pierre-YvesTrouillet
Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, 2021

Le 21e siècle naissant voit la consécration d’une idéologie qui assimile l’indianité à une hindouïté pure et unifiée (hindutva), illustrée par la victoire politique des nationalistes hindous. À rebours d’une telle vision, cet ouvrage étudie l’hindouisme en tant que point de contacts avec l’Autre, comme un espace socioreligieux de relations à l’altérité. De même que toute religion, tout groupe ou tout fait social, l’hindouisme et les hindous ne peuvent être compris ni en tant qu’isolats, ni en tant qu’éléments totalement homogènes.

Comment, dans l’hindouisme, se formulent et se contestent les différences communautaires tant vis-à-vis des non-hindous qu’entre les hindous eux-mêmes, en Inde (Maharashtra, Tamil Nadu, Bengale Occidental, Odisha, Jharkhand), mais aussi dans plusieurs terres d’immigration hindoue (île Maurice, La Réunion, Canada, Fidji) ? Le volume interroge les manières dont cette religion se vit et se construit dans une multitude de rapports à l’Autre qui l’influencent et la transforment en permanence. Par-delà les terrains indiens, les études de cas menées hors de l’Inde offrent un accès original et nécessaire aux déclinaisons des frontières et des relations avec l’Autre qui se négocient également loin du territoire hindou originel.

En questionnant ainsi les relations complexes que les hindous entretiennent avec l’altérité, le volume traque les dynamiques d’adaptation, d’incorporation ou de rejet de traditions autres qui sont au cœur de l’hindouisme. (résumé de l’éditeur)

À la Bpi, niveau 2, 305.2 HIN

Géopolitique des religions. Un nouveau rôle du religieux dans les relations internationales ?

Blandine Chélini-Pont
Le Cavalier bleu, 2019

Loin de décliner irrémédiablement comme certains théoriciens de la sécularisation le prédisaient à la fin du siècle dernier, les religions sont redevenues des acteurs incontournables des relations internationales contemporaines. On le mesure bien sûr au réveil de la violence à justification religieuse qui constitue un des éléments saillants de guerres ethniques ou nationales (conflit israélo-palestinien, guerre civile au Sri Lanka, massacre des Rohingyas et, plus proche de nous, conflit en Irlande du Nord) ou du terrorisme (d’Al-Qaïda à Daech, en passant par les tueries initiées par des suprématistes défendant l’Occident chrétien).

L’influence des religions dans le monde ne peut pourtant pas se résumer à cette seule violence. Leur activité à l’international répond à de multiples motivations : répandre leur message spirituel, promouvoir une morale, renforcer la cohésion de leurs adeptes. Elles jouent également un rôle important dans le développement d’une culture de paix et de dialogue et dans le règlement de certains conflits, par la pratique du dialogue interreligieux, de la médiation et du secours humanitaire. Les modalités de l’action politique et diplomatique des religions dans le monde sont donc complexes et parfois paradoxales. À l’origine de certains conflits, les religions peuvent tout aussi bien œuvrer à leur résolution… (résumé de l’éditeur)

À la Bpi, niveau 2, 327 CHE et sur Cairn

L'Origine religieuse des droits de l'homme. Le christianisme face aux libertés modernes, XVIIIe-XXIe siècle

Valentine Zuber
Labor et fides, 2017

Cet ouvrage s’intéresse à l’histoire de l’interprétation religieuse de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen rédigée en 1789. Tout d’abord, il revient sur la genèse de l’article 10 (« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »), résultat d’un compromis politique majeur. Ensuite, il analyse le rôle éminemment religieux que les premiers commentateurs ont attribué au combat politique et philosophique mené sous la Révolution en faveur des droits individuels. Une relecture de l’aventure des droits de l’homme, de sa « préhistoire » religieuse à sa mise en œuvre par les confessions chrétiennes.

À la Bpi, niveau 2, 32.39 ZUB

Église et Pouvoir politique

Ludovic Laloux et Gautier Filardo
SPM, 2022

Au 6e siècle, par-delà la reconnaissance du christianisme par l’édit de Milan (313), l’empereur Constantin incite vivement l’Église à s’organiser, en commençant par éclaircir les difficultés rencontrées avec Arius, prêtre d’Alexandrie niant la divinité de Jésus. La rédaction du Credo (concile de Nicée en 325) qui en découle illustre les liens qui se tissent entre Église et pouvoir politique. Si avec Clovis, Charlemagne, Louis IX ou encore Louis XIII, des relations étroites se nouent entre Église et pouvoir politique, en revanche, les spoliations, injonctions et interdictions de la République à l’égard de l’Église, jusqu’à l’interdiction de la célébration de messes publiques en mars 2020 en France, montrent que les relations s’avèrent également marquées par de vives tensions. Par un ensemble de vingt contributions, cet ouvrage entend proposer mises au point scientifiques et réflexions pour éclairer un sujet qui demeure d’actualité à travers les siècles. (résumé de l’éditeur)

À la Bpi, niveau 2, 261.7 EGL

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