La série de jeux vidéo The Last of Us, développée par Naughty Dog, est une œuvre magistrale qui transcende le genre pour explorer la peur sous diverses formes, tant physiques qu’émotionnelles. Sortis respectivement en 2013 et 2020, The Last of Us et The Last of Us Part II plongent les joueur·euses dans un monde post-apocalyptique dévasté par une pandémie dûe à champignon parasite, le Cordyceps. Ce dernier transforme les humains en créatures sauvages et déformées appelées les Infecté·es. Cependant, la série va bien au-delà de ces horreurs visibles pour explorer la peur : elle joue sur un niveau beaucoup plus intime et psychologique.
La peur dans The Last of Us est intrinsèquement lié à la survie quotidienne dans un monde brutal. Les environnements sont dangereux et imprévisibles, qu’il s’agisse de zones urbaines en ruines, de forêts désolées, ou de bâtiments abandonnés. Partout, le danger rôde. Il provient des Infecté·es, mais d’autres survivant·es désespéré·es sont prêt·es à tout pour assurer leur propre survie. Chaque rencontre peut être mortelle, et la méfiance est de rigueur. Cette menace constante crée une atmosphère angoissante.
Les Infecté·e sont particulièrement terrifiant·es. Ils se divisent en plusieurs types en fonction de leurs caractéristiques, toutes effrayantes. Les « Clickers », par exemple, sont aveugles. Ils utilisent l’écholocation pour chasser en produisant des cliquetis sinistres. Entendre ces petits bruits est annonciateur d’une rencontre qui peut être fatale. Les « Bloaters » sont des formes avancées d’Infecté·es, capables de lancer des spores toxiques. Le moindre bruit trahit évidemment la présence de l’avatar et peut déclencher une attaque meurtrière.
Cependant, la peur dans The Last of Us ne se limite pas à des horreurs physiques. Elle s’exprime aussi à travers les relations humaines et les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les personnages principaux, Joel et Ellie. La série aborde des thèmes profonds tels que la perte, la culpabilité, la vengeance ou le désespoir, forçant les joueur·euses à réfléchir aux conséquences de leurs actions. Dans un monde post-apocalyptique, la remise en question des valeurs morales et la peur de perdre ceux que l’on aime deviennent un moteur narratif puissant. Dans The Last of Us Part II, la peur de la solitude, de l’échec et de la trahison sont des thèmes récurrents qui résonnent tout au long du jeu. La narration complexe alterne entre différentes perspectives et amène le joueur ou la joueuse à ressentir une empathie contradictoire, créant une tension émotionnelle extrême bien au-delà de simples frayeurs.
The Last of Us exploite également la peur du futur incertain. Dans ce monde dévasté, l’humanité lutte pour trouver une nouvelle voie. Les choix que font les personnages, moralement ambigus la plupart du temps, soulèvent des questions troublantes sur ce que signifie survivre et sur le prix de cette survie. Le jeu ne fournit pas de réponses simples et conduit à un état de réflexion et d’inconfort qui perdure bien après la fin du jeu.
Le design sonore et l’ambiance visuelle servent cette omniprésence de la peur. Les bruits, les musiques discrètes, mais poignantes, et le détail des décors souvent sinistres, immergent le joueur·euse dans un monde où l’espoir est rare et la menace permanente. Le silence est aussi utilisé de manière efficace, favorisant l’imagination pour créer une tension qui persiste même dans les moments de répit.
The Last of Us est donc une série qui maîtrise l’art de la peur sous toutes ses formes : physique, psychologique et émotionnelle. En introduisant les joueur·euses dans un monde violent, où chaque choix est lourd de conséquences, où les relations humaines sont complexes et douloureuses, The Last of Us crée une expérience de jeu à la fois terrifiante et profondément émouvante.
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