Questions/Réponses

Tous et toutes complotistes au 21e siècle ?

Un utilisateur d’Eurêkoi, service de réponses et recommandations à distance assuré par des bibliothécaires, s’inquiète de la prolifération des théories du complot et s’interroge sur le profil des complotistes en 2024. Les bibliothécaires de la Bibliothèque publique d’information lui proposent des pistes pour répondre à sa demande.

Illustration - homme criant au complot avec le crâne ouvert rempli de fake news
Fabienne Charraire/Bpi, avec l’aide d’une IA générative

La dernière étude publiée (14 mars 2024) par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) montre que les théories du complot sont très populaires chez les Français·es. 60 % de la population de l’Hexagone dit croire au moins à une des six théories complotistes proposées dans cette étude. Une autre enquête menée par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) en mars 2023 affirmait déjà que 35 % des Français·es déclarent croire aux théories du complot. Celles-ci se répandraient plus largement chez les jeunes générations ainsi qu’aux extrémités de l’échiquier politique. Existerait-il un profil type du conspirationniste ? Pas sûr, car la mécanique complotiste est à la fois multifactorielle et évolutive selon le contexte politique, technologique et social d’une société. Les théories du complot traversent les époques et cultures. Face à ce processus complexe, nous proposons ici quelques clés pour sa déconstruction et son interrogation. Chacun·e d’entre nous peut, en effet, à un moment donné, devenir le vecteur de contenus conspirationnistes, en les produisant, en les relayant, ou en les consommant.

Conspirationniste, complotiste, théorie du complot : recontextualisation

Quelques définitions

Un·e conspirationniste est « quelqu’un qui se persuade et veut persuader autrui que les détenteurs du pouvoir (politique ou autre) pratiquent la conspiration du silence pour cacher des vérités ou contrôler les consciences » selon le Petit Larousse illustré en ligne. Et, toujours selon le Petit Larousse illustré en ligne, un·e complotiste est « quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche à démontrer qu’il résulte d’un complot fomenté par une minorité active. »

Les termes « conspirationniste » et « complotiste » sont aujourd’hui utilisés indifféremment pour désigner les adeptes de la théorie du complot. Le Petit Robert (édition 2024) en donne cette définition : « théorie selon laquelle l’opinion est manipulée par un groupe de conspirateurs pour cacher les connaissances réelles de certains évènements. »

Isabelle Mimouni, pour le magazine L’Éléphant, déroule l’histoire des mots complot, comploteur, complotiste au regard de leur usage dans le temps et de l’évolution de leur signification dans la chronique « Sa langue au chat : « complot » ». Elle met ainsi en évidence l’émergence du mot « complotiste » : « un dérivé contemporain… pour une dérive contemporaine ».

Un bref aperçu historique

La théorie du complot n’est pas un phénomène nouveau. Elle apparaît lors de l’épidémie de peste noire au 14e siècle, au cours de laquelle le peuple juif est désigné comme principal instigateur de l’expansion de la maladie en empoisonnant l’eau des puits. On commence à recenser davantage de théories du complot autour du 18e siècle, notamment lors de la Révolution française. Ainsi, dans l’ouvrage Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (1797), l’abbé Barruel soutient l’hypothèse selon laquelle la Révolution serait le fruit d’une conspiration antichrétienne : « Lorsque je nomme Voltaire et Frédéric, Diderot et d’Alembert, comme les chefs d’une conspiration antichrétienne, je ne prétends pas me réduire à prouver que leurs écrits sont ceux d’autant d’ennemis impies de Jésus-Christ ; je dis que chacun d’eux avait formé le vœu d’anéantir la religion de Jésus-Christ ; qu’ils se communiquèrent secrètement ce vœu ; qu’ils combinèrent de concert les moyens de le réaliser (…) ».

Pour en savoir plus, le service de questions réponses en ligne Eurêkoi a traité la question « Quand est née la théorie du complot ? » en 2022. 

La typologie des théories du complot

Il importe de distinguer les « complots avérés », c’est-à-dire des projets réels élaborés de manière secrète, des « théories du complot », qui se traduisent par des récits imaginaires ou déformés.
Le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) – service suisse dont la mission est de renseigner de manière neutre et scientifique sur des croyances religieuses, spirituelles et ésotériques – propose une fiche thématique « Théories du complot, complotisme et conspirationnisme » qui mentionne les différents domaines couverts par les théories du complot : la politique, la science, la santé, le réchauffement climatique, les sociétés secrètes, certaines catégories sociales marginalisées ou stigmatisées ainsi que des événements historiques ou tragiques. Elle présente également les trois échelles de théories du complot identifiées par le chercheur en sciences politiques Michael Barkun :

« Les théories qui dénoncent des “complots événementiels” : il s’agit ici de conspiration tenue pour responsable d’événements limités, discrets ou un ensemble d’événements.
Les théories qui dénoncent des “complots systémiques” : dans ces cas, la conspiration aurait des objectifs assez larges, généralement pour assurer un contrôle sur l’ensemble d’un pays, d’une région ou du monde. (…)
Les théories qui dénoncent des “supercomplots” : ce sont de multiples conspirations qui sont liées entre elles de manière hiérarchique (les deux types précédents s’imbriquent alors). Au sommet de la hiérarchie se trouve une lointaine mais toute puissante force qui manipule des actrices et acteurs conspirateur·rices moins puissant·es. Les conspirateur·rices y sont presque toujours invisibles et fonctionnent dans le secret.

Source primaire : A Culture of Conspiracy: Apocalyptic Visions in Contemporary America de M. Barkun Berkeley, ca : University of California Press, 2013.

Le conspirationniste contemporain, en phase ou en résistance avec l’évolution de la société ?

Une dimension technologique du complotisme

Les comportements conspirationnistes ne sont pas nouveaux, mais ce sont les outils des conspirationnistes et leur audience qui ont pris une ampleur sans précédent, alimentée par les nouvelles technologies.

« Le complotisme contemporain se caractérise par la rapidité avec laquelle de nouvelles théories du complot apparaissent en réponse à des événements marquants ainsi que par la forte exposition publique dont ces dernières bénéficient. Le développement d’Internet, qui a rendu possible la diffusion massive d’informations en contournant les gatekeepers de la presse traditionnelle, explique tant cette accélération du processus de constitution des récits conspirationnistes que l’augmentation de leur visibilité. »

« Le succès des théories du complot : flambée d’irrationalité ou symptôme d’une crise de confiance ? » par L. Cordonier, L’Irrationnel aujourd’hui, chapitre XV, 2021.

Cette diffusion est facilitée voire encouragée par les géants du numérique qui cherchent à booster la fréquentation de leurs sites et plateformes pour leur profit. Dans son article « Boîte à outils pour l’étude des conspirationnismes », Yves Citton, directeur de la revue Multitudes, identifie l’appât du gain des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) comme un des auxiliaires endémiques du conspirationniste :

« Dès lors que nos appareils de communication opèrent à travers des réseaux régis par la marchandisation de l’attention (…), et dès lors que les affects de détestation antagoniste et les bulles de filtre rapportent davantage de profit que la promotion du multi-perspectivisme, l’extractivisme attentionnel des GAFAM tend à exacerber la polarisation des attentions autour d’attracteurs complotistes. »

Multitudes, n° 91(2), 2023

Par ailleurs, dans La Démocratie des crédules (Presses universitaires de France, 2013), Gérald Bronner affirme que les personnes complotistes s’informent en priorité sur internet et les réseaux sociaux, en lieu et place des médias traditionnels. Cette défiance envers les médias traditionnels et les institutions s’inscrit dans un contexte culturel et politique large.

La dimension culturelle du complotisme

  • Une perte de confiance dans la politique et la représentation politique

« Le complotisme se nourrit en partie de dysfonctionnements démocratiques réels.(…) il y a des phénomènes qui gangrènent l’espace public, comme le chômage de masse, la mal-représentation et la confiscation du pouvoir par une certaine élite sociopolitique, etc., qui rendent la contestation légitime. La sociologie politique l’a montré depuis assez longtemps. Sans remonter jusqu’à Robert Michels et à ses travaux sur la loi d’airain de l’oligarchie dans les années 1920, on peut citer les travaux d’Alain Garrigou sur Sciences Po et l’ENA, ceux de Pierre Bourdieu ou encore de Nicolas Hubé qui montrent comment certaines catégories populaires sont exclues du champ du pouvoir, non pas du fait d’un complot ou d’une volonté organisée, mais en raison de structures sociales établies. »

« Le complotisme est un processus social », Julien Giry, politologue à l’Université de Tours, sur le site du Conseil national du numérique, entretien en date de juin 2021.
  • La fragilité des démocraties parlementaires face au soupçon

« Le manquement chronique de la république parlementaire à sa mission est devenu l’aliment d’une ère paroxystique du soupçon où chacun, de l’extrême droite à l’extrême gauche, a pu trouver son bien, toujours sur la même base : la réclamation d’une représentation authentique du vrai peuple, bafouée par la mainmise des francs-maçons, des Juifs ou de la ploutocratie. »

« Le démon du soupçon », entretien avec Marcel Gauchet dans la revue l’Histoire, collections n° 33, octobre – décembre 2006. Propos recueillis par Éric Vigne et Michel Winock.
  • La quête d’un nouveau mythe

L’incertitude, est une caractéristique de nos sociétés contemporaines. Elle ne se borne pas à un recul de la sécurité dans le monde du travail, mais s’étend à toutes les sphères : de la vie politique aux évolutions économiques, en passant par le domaine culturel, sans oublier le changement climatique et les tensions géopolitiques. Il en résulte une absence de perspective historique, un repli sur le présent et une perte de sens.

Dans son ouvrage Le Grand Récit. Introduction à l’histoire de notre temps (Presses universitaires de France, 2021), Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme et de l’Allemagne, montre comment les « grands récits » – tels que ceux des religions, de la bourgeoisie libérale, du républicanisme, des fascismes, des communismes ou encore du progrès – ont autrefois donné un sens à l’existence collective. Aujourd’hui, cependant, la politique en Europe semble en grande partie dépourvue de ce sens, ce qui conduit à une prolifération de croyances irrationnelles.

Dans le même ordre d’idée, Valérie Igounet résume les analyses de plusieurs historiens des idées et sociologues autour des nouveaux mythes :

« Le conspirationnisme est un phénomène ambivalent, qui traduit à bien des égards une survivance de la pensée magique tout en s’inscrivant pleinement dans la modernité. L’historien des idées Pierre-André Taguieff suggère qu’il répond à un besoin de “réenchantement du monde”, selon l’expression forgée par Peter L. Berger. Karl Popper y voyait quant à lui une “sécularisation des superstitions religieuses” où “les dieux d’Homère, dont les complots expliquent la guerre de Troie, sont remplacés par les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes” […] Surtout, le conspirationnisme partage avec la science moderne l’idée que la vérité n’est pas donnée immédiatement, qu’il faut aller la chercher derrière les apparences, que les dogmes et les paroles officielles méritent d’être questionnés. »

«  Les théories du complot : Comment trouvent-elles une nouvelle jeunesse sur Internet (en Europe)  ? »  par Valérie Igounet, sur ehne.fr, le 23 juin 2020.

La dimension sociale et idéologique du complotisme

  • Un processus social

Le complotisme est avant tout un processus social. Dans son interview, « Le complotisme est un processus social », en date du 4 juin 2021, Julien Giry souligne l’importance « de comprendre ces interactions entre personnes qui pensent de la même façon, notamment lorsque leur croyance est disqualifiée dans l’espace public. Internet permet de retrouver des espaces de liberté alternatifs, des communautés de repli dans lesquelles on n’est plus seul. » et rappelle que le complotisme n’est pas qu’un processus de radicalisation intellectuelle.

  • Un positionnement « anti-système »

Ce phénomène est exploité par les mouvements politiques aux extrêmes, qui se positionnent comme « anti-système » pour capitaliser sur ce sentiment de défiance. Le réseau de sensibilisation à la radicalisation RAN Practitioners met en avant l’instrumentalisation des théories du complot par des groupes politiques extrémistes dans ce rapport de 2021 intitulé « Théories du complot et extrémisme de droite – Réflexions et recommandations pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent », rédigé par Francesco Farinelli. Le RAN, créé en 2011, compte plus de 6 000 praticien·nes, issu·es de l’Union européenne.

  • Le lien entre conspirationnisme et populisme

« Le populisme et les théories du complot sont très souvent évoqués comme constituant un tandem indissociable, en particulier, mais pas exclusivement, dans le populisme de droite autoritaire tel qu’il est incarné en France par le Rassemblement national, en Allemagne par l’AfD ou en Italie par la Lega de Matteo Salvini. L’adoption croissante par les populistes des théories du complot est illustrée par nombre d’exemples, au premier rang desquels naturellement l’expérience du populisme de Donald Trump aux États-Unis, qui s’est abondamment appuyée sur les idées conspirationnistes et la diffusion de fake news. (…) un tel lien reste en revanche à démontrer s’agissant des attitudes des citoyens. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février 2021 en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni permet d’explorer les relations entre adhésion aux théories du complot et attitudes populistes. Les données montrent que le populisme attitudinal n’exerce en réalité qu’un effet relativement limité sur les croyances conspirationnistes, dans chacun des quatre pays de l’enquête, et que cet effet varie par ailleurs selon le type de complot envisagé ; l’adhésion aux théories du complot est d’abord et avant tout articulée à la confiance politico-institutionnelle, et, dans une moindre mesure, à la confiance interpersonnelle et à la confiance apportée à la science ou à ses représentants. »

« Adhésion aux théories du complot et populisme : un tandem à relativiser » par Gilles Ivaldi, chargé de recherche CNRS, Note de recherche. Le Baromètre de la confiance politique / Vague 12, avril 2021.

Au delà du contexte actuel, les théories du complot puisent leurs racines dans des mécanismes cognitifs archaïques et profonds de l’esprit humain.

Les ressorts profonds et archaïques qui favorisent l’adhésion aux théories du complot

L’importance de l’appartenance sociale

Des recherches sur la pensée sociale et les processus sociocognitifs du complotisme s’attachent à identifier en quoi des appartenances identitaires conditionnent la mobilisation de certains biais.

« L’explication complotiste renvoie à une fonction et à une logique sociales. Un individu transmet une explication complotiste parce que son groupe d’appartenance y a un intérêt. Une théorie du complot est une explication du monde mais il y a des alternatives à cette catégorie d’explication ( explication scientifique, explication d’incompétence, explication du hasard d’un événement qui s’est produit de manière purement fortuite). L’individu conspirationniste privilégie la thèse complotiste pour recueillir l’assentiment de son groupe d’appartenance. Certaines théories du complot sont d’ailleurs très liées à l’histoire du groupe, à ses préjugés et à ses stéréotypes, et à sa mémoire collective ( racisme, sexisme, antisémitisme,…). »

« Le complotisme, comment ça marche ? » Les Rencontres de l’éducation aux médias, 7 février 2020. 

Le rôle des biais cognitifs et des émotions

  • Les émotions et les passions tristes

Dans l’article « Qui sont les conspirationnistes et pourquoi croient-ils à ces complots ? » (8 juin 2022), David Morin, (philosophe, politologue et théoricien du complotisme en France) explique qu’on observe néanmoins de très forts liens entre l’adhésion aux théories du complot et la consommation de médias sociaux. Il pointe également le rôle de certaines dispositions psychologiques, dont l’anxiété et le sentiment d’appartenance à un groupe menacé et stigmatisé.

En parallèle, le sociologue Gérald Bronner, dans un épisode d’InPower Podcast de Louise Aubery sur « La face cachée du complotisme » (septembre 2024), invite à s’interroger sur la visibilité des discours conspirationnistes. En effet, les conspirationnistes sont encouragé·es par la logique algorithmique selon laquelle l’attention est le bien le plus précieux pour des entreprise privée comme Meta, X… Il donne l’exemple de Meta qui attribuait davantage de poids (prime de visibilité) à des publications contenant un smiley « colère ». L’enlisement progressif d’une personne équilibrée dans des propos conspirationnistes, sans que l’individu ne se rende toujours compte qu’il bascule dans l’extrême, se fait par un « mécanisme de la radicalisation incrémentielle », c’est à dire par accroissement de la valeur à chaque étape. Gérald Bronner mentionne également l’attrait naturel de l’être humain pour les « passions tristes », c’est à dire la conflictualité, la polarisation.

  • Les biais cognitifs

Enfin, nos raisonnements sont l’objet de nombreuses erreurs, identifiées en psychologie cognitive et sociale comme « biais cognitifs ». Le biais le plus à l’œuvre dans l’adhésion aux thèses conspirationnistes est le biais de confirmation. En attestent ces expériences de laboratoire rapportées par Hugo Mercier dans le chapitre « mal raisonner ensemble » de son ouvrage L’Énigme de la raison :

« Les problèmes qu’entraîne l’absence de désaccord au sein d’un groupe ont été reproduits en laboratoire, permettant aux psychologues d’accumuler des données sur la polarisation de groupe. Mettez ensemble un groupe de gens et demandez-leur de parler d’un sujet sur lequel ils sont d’accord, et certains en sortiront avec des croyances renforcées. Des racistes deviennent plus racistes, des égalitaristes plus égalitaristes. Les militaristes deviennent encore plus favorables et les pacifistes encore plus hostiles aux militaires. Quand vous êtes d’accord avec quelqu’un, vous n’examinez pas très attentivement ses arguments – après tout, vous acceptez déjà ses conclusions, alors à quoi bon se fatiguer ? Lorsque des gens d’un même avis discutent, tout ce qu’ils font c’est fournir de nouvelles raisons en faveur de croyances qu’ils ont déjà. Comme les raisonneurs solitaires, les groupes de gens d’un même avis peuvent succomber à la polarisation des opinions, à une certitude excessive, et à la persévérance des croyances. »

L’Énigme de la raison, à consulter à la Bpi, sur cairn.info

Le psychologue et chercheur Pascal Wagner-Egger propose une synthèse claire de ces biais cognitifs à l’œuvre dans la réflexion conspirationniste :

Le fait que les thèses complotistes sont séduisantes pour notre esprit est expliqué au niveau psychologique par l’existence d’une série de biais de raisonnement (biais cognitifs), caractéristiques d’une forme de pensée intuitive par opposition à la pensée analytique et rationnelle (Pennycook et al., 2018). La tendance à penser que les événements importants sont causés par des causes importantes (biais de proportionnalité), la tendance à juger l’apparition conjointe de deux événements plus probable que celle des événements séparés, ce qui est impossible au niveau probabiliste, lié à une tendance plus générale de surestimer les coïncidences et d’établir des liens de causalité à partir de ces coïncidences ( biais de conjonction), la tendance à rechercher la confirmation de ses croyances ( biais de confirmation), et la tendance à percevoir des intentions là où il n’y en a pas ( biais d’intentionnalité). 

« Les causes psychologiques et sociales du complotisme », par Pascal Wagner-Egger, The Inquisitive Mind, 2-2021.

Eurêkoi, Bibliothèque publique d’information

Publié le 12/12/2024 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Les Dissidents. Une année dans la bulle conspirationniste

Anthony Mansuy
Robert Laffont, 2022

Immergé pendant une année dans les micro-cultures du conspirationnisme moderne, le journaliste analyse l’évolution de la société et des théories du complot durant la pandémie de Covid-19. À travers des enquêtes de terrain et des centaines d’interviews, il passe en revue les circonstances qui mènent au divorce social caractérisant la France au cours de l’année 2020. © Électre 2022

À la Bpi, niveau 2, 300.87 MAN

Mon frère est complotiste. Comment rétablir le lien et le dialogue social

David Morin et Marie-Ève Carignan
Les Éditions de l'Homme , 2022

« Que sait-on du complotisme ? Comment rétablir le lien avec mon frère ou ma sœur à qui je ne peux plus parler ? Marginal il y a quelques années, le conspirationnisme s’est immiscé dans nos vies durant la pandémie de COVID-19. Présents dans les médias, sur les réseaux socionumériques et dans les manifestations, les complotistes se sont également fait entendre dans les familles, les cercles d’amis et les milieux de travail, au point de devenir un enjeu de premier plan. Pour bien cerner ce phénomène complexe aux ramifications psychologiques, sociales, historiques, politiques, médiatiques et idéologiques, Marie-Ève Carignan et David Morin se sont entourés de plusieurs spécialistes, faisant la démonstration que la meilleure façon de déboulonner les préjugés – de part et d’autre – passe par la compréhension. Ils nous éclairent, avec des pistes d’action à la clé, sur l’importance de maintenir le lien et le dialogue, aussi bien dans les familles que dans la société. Car comprendre et déjouer le complotisme est l’affaire de tous : la paix et l’avenir de nos démocraties en dépendent. » (Résumé de l’éditeur)

Conspiracy Watch, l'observatoire du conspirationnisme

Le site Conspiracy Watch, créé en 2007, est animé notamment par son fondateur, le politologue Rudy Reichstadt et par Valérie Igounet, historienne spécialisée dans l’étude de l’extrême droite et l’histoire du négationnisme. Consacrées à des notions liées à la culture complotiste, à des médias vecteurs de théories du complot ou à des protagonistes de la complosphère, les notices d’information de Conspiracy Watch sont régulièrement mises à jour

La pensée complotiste : un défi pour les scientifiques, par Emmanuelle Danblon, Michel Goldberg et François Rastier | MOOC de l'université de la Rochelle, 2015

« Ce cours est une introduction à l’étude de certains raisonnements et de certaines formes d’écriture qui peuvent nous alerter au sujet de textes qui véhiculent une théorie du complot. Vous apprendrez à distinguer les notions de doute, de défiance et de théorie du complot. Vous serez capable de reconnaître certaines formes d’écriture qui se retrouvent fréquemment dans des documents qui reprennent la théorie du complot, notamment pour argumenter dans des controverses à thème scientifique. Vous serez capable de poser certaines questions souvent pertinentes pour contrer les argumentaires fondés sur la théorie du complot. Vous pourrez aussi, éventuellement, repérer des explications complotistes dans vos propres argumentaires ou dans ceux des personnes et des institutions qui défendent vos idées ou des idées différentes des vôtres. » (Présentation du cours)

Conspi Hunter - On dégomme les théories | YouTube

Série de documentaires de Thomas Huchon qui déconstruit les théories du complot, sur le 11 septembre à la Lune en passant par les récents attentats.

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