René·e aux bois dormants
Elene Usdin
Sarbacane, 2021
Dans l’appartement qu’il occupe avec sa mère, le petit René est malheureux. Hypersensible, il ne fréquente pas les autres enfants et préfère se réfugier dans son univers. Parfois sujet à des évanouissements inexplicables, il visite un monde onirique où abondent les créatures étranges. Cette fois, il est à la recherche de son doudou, le lapin Sucre doux. Dans ce « monde du milieu », essentiellement végétal, il est guidé par Véhicule, un grand personnage rose et bienveillant qui lui présente les êtres qu’ils croisent. Parmi eux, les Aorens, créatures sans mémoire, bienveillantes et douces, accueillent l’enfant dans un univers apaisé. Mais René devra aller jusqu’à se transformer en son double, la petite Renée, qui lui permettra de remonter au secret de ses origines.
Dans ce conte surréaliste, qui évoque Alice au pays des merveilles, Elene Usdin crée un univers singulier, à la fois mélancolique et coloré. Elle fait appel à la mythologie et à l’animisme pour rendre compte des souffrances infligées aux jeunes enfants des « Premières Nations » canadiennes, retirés à leurs familles lors de la rafle des années soixante. La transidentité du jeune héros fait ainsi écho à la négation de ses origines et revêt une dimension politique. Cet album, magnifiquement dessiné à l’aquarelle et à la gouache, nous entraîne avec le héros dans un univers féerique, où les cases se distordent et où les pages changent de couleur pour accompagner le récit.
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