Dans la bulle d’Elene Usdin

L'Ascension du haut mal

David B
L'Association, 2011

La trilogie de David B raconte un drame par le biais du symbolisme, du rêve et des mythes. Il réussit de façon tout simplement géniale à ancrer cela dans la douloureuse réalité de la maladie de son frère. C’est magnifique, juste du noir et blanc, et sans doute ma bande dessinée préférée.

À la Bpi, niveau 1, RG DAV A

Topor : Dessins paniques

Fabienne Keller (dir.)
Hazan, 2004

Les dessins de Topor ont été une grande source d’inspiration, tout comme les poèmes de Francis Ponge ou ceux d’Alejandro Jodorovski. Ils disent, avec un humour noir, rose ou bleu : si tu imagines quelque chose, c’est que c’est vrai. Tu n’as qu’à le dessiner, le raconter. Cela colle assez bien à la bande dessinée, c’est un outil unique et génial pour mêler les mots, les dessins et l’imaginaire.

À la Bpi, niveau 3, 767 TOPO

Le Voyage de Chihiro

Hayao Miyazaki
Studio Ghibli, 2001

J’avais demandé à ma mère de m’offrir le DVD du film pour mes trente ans ! Je l’avais vu au cinéma et je voulais pouvoir le visionner souvent. Lorsque le voyage prend fin, on ne sait pas si Chihiro a rêvé. On revient au départ, mais il y a eu une évolution au milieu : Chihiro a grandi. J’aime les histoires initiatiques en boucle. Ce que j’aime aussi dans ce film, ce sont les personnages des esprits, qui viennent en cure.

Comme dans tous ses films, Hayao Miyazaki embrasse l’humanité, le divin et la Terre, tout ensemble. Son œuvre m’a beaucoup inspirée dans la création de mes histoires.

Le Livre de mes rêves

Federico Fellini
Flammarion, 2007

Je me souviens très précisément de mes rêves, que je note sous forme de dessin et de texte. Ils sont une matière première pour mes dessins et mes histoires. Je me suis fait offrir ce livre, si lourd et si grand qu’il faut le lire à table, dans lequel Fellini dessine ses rêves. C’est une pure merveille. Drôle et angoissant.

À la Bpi, niveau 3, 791.6 FELL 1

Abre los ojos, par Boni, sur des images d'Elene Usdin, 2022

J’ai entendu se construire ces morceaux, composés par mon fils, revenu vivre à la maison quelques mois à cause de la pandémie. Je réalisais alors les planches de ma bande dessinée René.e aux bois dormants. J’aime les écouter souvent. Nous écrivons une prochaine bande dessinée ensemble, Detroit-Roma. Une bande son accompagnera notre récit.

Le Carnet d'or et autres romans

Doris Lessing
Librairie générale française, 2011

J’ai lu ce livre vers vingt-cinq ans et le portrait que brosse l’écrivaine m’a profondément marqué. Sans fard, elle pose la question de la liberté. N’est-elle pas un leurre, quand même le besoin d’amour est une aliénation de plus ? Ou peut-être est-elle dans la création ?

Les carnets remplis par l’héroïne, écrivaine, ont chacun une attribution particulière, tout en s’enchevêtrant. Ils doivent l’aider à lutter contre le manque d’inspiration, et deviennent eux-mêmes l’histoire que l’on lit. C’est brillant et inspirant !

À la Bpi, niveau 3, 820″19″ LESS 2

Molloy

Samuel Beckett
Éditions de Minuit, 1982 (1951)

Les obsessions et la quête de Molloy, le mouvement perpétuel et le récit en boucle, l’absurdité de tout cela, avaient fait naître en moi tout un tas d’images. Il y a tellement d’éléments dans ce livre à traduire graphiquement. J’en avais fait une série de dessins qui ressemblaient davantage à des graffitis, mélanges de mots et d’images.

À la Bpi, niveau 3, 840″19″ BECK 4 MO

Voyage au bout de la nuit

Louis-Ferdinand Céline, lu par Denis Podalydès
Frémeaux & Associés, 2003

Durant la pandémie, j’étais très occupée par la réalisation de ma bande dessinée. Pour tenir les délais, je n’ai fait que dessiner. J’ai pris l’habitude d’écouter France Culture toute la journée en travaillant. J’alternais avec des livres audio.

J’avais lu Voyage au bout de la nuit il y a très longtemps au lycée. L’écouter lu par Denis Podalydès a été un pur enchantement. Le rythme de sa voix sur les mots de Céline était vraiment inspirant.

À consulter à la Bpi, dans la base tympan.bpi.fr

René·e aux bois dormants

Elene Usdin
Sarbacane, 2021

Dans l’appartement qu’il occupe avec sa mère, le petit René est malheureux. Hypersensible, il ne fréquente pas les autres enfants et préfère se réfugier dans son univers. Parfois sujet à des évanouissements inexplicables, il visite un monde onirique où abondent les créatures étranges. Cette fois, il est à la recherche de son doudou, le lapin Sucre doux. Dans ce « monde du milieu », essentiellement végétal, il est guidé par Véhicule, un grand personnage rose et bienveillant qui lui présente les êtres qu’ils croisent. Parmi eux, les Aorens, créatures sans mémoire, bienveillantes et douces, accueillent l’enfant dans un univers apaisé. Mais René devra aller jusqu’à se transformer en son double, la petite Renée, qui lui permettra de remonter au secret de ses origines.

Dans ce conte surréaliste, qui évoque Alice au pays des merveilles, Elene Usdin crée un univers singulier, à la fois mélancolique et coloré. Elle fait appel à la mythologie et à l’animisme pour rendre compte des souffrances infligées aux jeunes enfants des « Premières Nations » canadiennes, retirés à leurs familles lors de la rafle des années soixante. La transidentité du jeune héros fait ainsi écho à la négation de ses origines et revêt une dimension politique. Cet album, magnifiquement dessiné à l’aquarelle et à la gouache, nous entraîne avec le héros dans un univers féerique, où les cases se distordent et où les pages changent de couleur pour accompagner le récit.