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La mondialisation de la migration : enjeux politiques et économiques

La migration est devenue un phénomène mondial. Les flux migratoires se sont intensifiés entre les pays du Nord et du Sud. Les migrants font le choix de quitter leur pays pour des raisons économiques, politiques mais aussi climatiques. Une rencontre organisée en janvier 2022 à la Bpi et disponible via le replay, fait le point sur les enjeux politiques et économiques de la migration dans le monde.

Une migration mondiale et régionalisée

Depuis la chute du rideau de fer en Europe et l’ouverture de la Chine, la migration s’est mondialisée. En 2020, les migrants internationaux représentent 282 millions de personnes, soit 3,5 % de la population mondiale. Catherine Wihtol de Wenden, politologue, précise que dans le monde, 740 millions de migrants se déplacent à l’intérieur de leur pays pour des raisons économiques, climatiques ou militaires. En Afrique, il y a par exemple 26,5 millions de migrants internes.

La mondialisation de la migration s’est aussi accompagnée d’une « régionalisation des flux migratoires ». Catherine Wihtol de Wenden cite le géographe américain Douglas Massey, qui explique que dans la majorité des cas, les migrants font le choix de s’installer à proximité de leur région ou de leur pays d’origine. Ils créent ainsi des « systèmes migratoires régionalisés », c’est-à-dire des zones où ils conservent des liens culturels, religieux et linguistiques. Ce phénomène se vérifie entre les États-Unis et le Mexique.

Des zones de fracture 

La migration est fortement liée aux inégalités de développement humain, qui concernent plutôt les régions du Sud au faible niveau de vie et subissant une forte pression démographique. C’est le cas de l’Indonésie et du Bangladesh, dont l’augmentation du nombre d’habitants dans certaines villes entraîne des déplacements de population conséquents.

Les guerres civiles participent également au phénomène migratoire. Le Soudan du Sud est par exemple confronté à un conflit qui a engendré, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 2,5 millions de réfugiés et de déplacés, soit 20 % de la population. 

Des pays comme la Libye accentuent la migration illégale en encourageant notamment le trafic de migrants dans l’espace euro-méditerranéen. En 2020, un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme fait état de migrants confrontés à l’enfermement, à l’esclavagisme mais aussi au viol.

Vers une gouvernance migratoire mondiale ?

Afin d’améliorer la gouvernance mondiale de la migration, les pays ont adopté, en 2018, le pacte de Marrakech. Il fixe vingt-trois objectifs qui visent à assurer « une migration sûre, ordonnée et régulière ». Parmi les engagements, la question du démantèlement des réseaux de passeurs est une des priorités. L’économie des trafiquants de migrants peut être arrêtée par l’ouverture des frontières et par la création de voies de migration légales. 

Selon Bertrand Badie, professeur émérite des universités à l’Institut d’études politiques de Paris, c’est aux États-nations de reprendre en main la question migratoire. Ils doivent adapter les politiques migratoires à la réalité du monde. En effet, « les comportements migratoires vont plus vite que les choix politiques », conclut-il.

Publié le 25/04/2022 - CC BY-NC-SA 4.0

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