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Appartient au dossier : L’art de lutter

L’art de lutter 1/4 : Cinq caméras brisées

Sur l’image, Emad Burnat, réalisateur palestinien autodidacte, expose les cinq caméras brisées avec lesquelles il a filmé la construction d’une barrière par Israël sur les terres de son village et la résistance que mènent les habitants en réaction.
Au-delà de ce qu’elles en racontent, les œuvres d’art peuvent-elles avoir une influence sur le déroulement des soulèvements populaires ? Alors que la programmation Front(s)s populaire(s) du Cinéma du Réel 2019 s’interroge sur la manière dont les images de luttes participent aux mouvements de révolte, Balises pose la question en cinéma, en peinture, en poésie et en chanson.

Emad Burnat devant ses cinq caméras brisées.
Emard Burnat et Guy Davidi, Cinq caméras brisées, © Guy DVD Films, Burnat Films, Alegria Productions, 2013

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« Les blessures qu’on oublie ne guérissent jamais, alors je filme pour guérir. »

Emad Burnat a toujours vécu à Bil’in, village palestinien situé sur les territoires occupés par Israël en Cisjordanie. Un jour, l’État israélien commence à construire un mur sur les terres du village, expropriant les 1 700 habitants de la moitié de leurs champs pour protéger une future colonie. Emad achète une caméra pour tourner des films de famille et commence à capter en même temps la résistance pacifique à laquelle il participe avec les habitants du village.

Pendant cinq ans, il tourne des images intimes – ses enfants qui grandissent, ses amis – connectées à la lutte qui le lie à ses proches. Emad Burnat continue à filmer alors que son frère se fait arrêter et que son père monte sur le convoi pour empêcher l’interpellation ; il filme même lorsque meurt son ami Phil. Tourner le protège lorsque des soldats tentent de l’arrêter à son tour et l’une de ses caméras arrête même une balle qui lui était destinée. Mais filmer le met aussi dans le viseur des autorités israéliennes. Après cinq ans de lutte, la construction du mur est finalement annulée par décision de justice, mais un autre mur est bâti un peu plus loin.

Plus qu’un témoignage de la résistance pacifique et des souffrances liées à ce conflit sans fin, ce journal construit une forme de résilience. En entremêlant les joies et les injustices vécues par Emad et ses proches, le film permet à leur lutte de se poursuivre et à la vie de continuer.

Emad Burnat & Guy Davidi, Cinq caméras brisées, © Guy DVD Films, Burnat Films, Alegria Productions, 2013.
Voir le film.

Publié le 05/03/2019 - CC BY-NC-SA 4.0

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