Le procès Eichmann : les témoins

Le procèsdébuta le 11 avril 1961 et s’étala sur huit mois, jusqu’au 15 décembre 1961. Le premier ministre israélien Ben Gourion, ordonnateur de l’arrestation d’Eichmann, avait tenu à ce que le procès soit irréprochable et historique. Toutes les garanties avaient été établies pour que l’accusé bénéficie d’une vraie défense, digne d’un État démocratique. Des dispositions ont donc été prises pour rendre exemplaire cette procédure à caractère « extraterritorial » et différée dans le temps, les crimes ayant été commis hors d’Israël et plus d’une dizaine d’années avant le procès.

Eichmann a comparu devant une juridiction civile ordinaire et non pas devant un tribunal militaire comme ce fut le cas pour le procès de Nuremberg. Il était seul à répondre de ses actes devant le procureur Gideon Hausner. Les polémiques autour des conditions de l’arrestation d’Eichmann et du chef d’accusation spécifique à la loi de 1950 n’ont pas suffi à réduire la portée de ce qui s’est déroulé dans le prétoire à Jérusalem. Notamment grâce aux conditions particulières qui permettaient aux témoins de s’exprimer publiquement devant l’accusé et devant la nation.

Eichmann a été un accusé actif à son procès, prenant sans cesse des notes. Il a écrit avant et lors de sa détention près de dix mille pages de rapports, d’entretiens. À travers cette production pléthorique, il a révélé une attitude paradoxale, partagée entre une stratégie de défense le présentant comme un simple rouage et sa détermination narcissique à laisser une « œuvre » à la mesure de sa position et son engagement dans la hiérarchie nazie.

Le procès

Eichmann, de la traque au procès, 
Annette Wieviorka (André Versailles, 2011)

Le 11 avril 1961, le monde a les yeux fixés sur Jérusalem où s’ouvre le procès d’Adolf Eichmann, un des principaux responsables de la  » Solution finale de la question juive « . Comment Eichmann fut-il retrouvé et enlevé par les agents secrets israéliens ? Pourquoi l’Etat d’Israël a-t-il décidé d’en faire le  » Nuremberg du peuple juif  » ? Comment fut construit cet événement médiatique mondial ? À mesure de leur déroulement, les audiences où témoignent des survivants offrent une nouvelle lecture du génocide des juifs et le font entrer dans la conscience collective. Au-delà du récit du déroulement dramatique du procès et de l’analyse de la personnalité d’Adolf Eichmann, Annette Wieviorka examine les suites polémiques de l’affaire, notamment les positions de Hannah Arendt, ainsi que les procès ultérieurs pour crime contre l’humanité, jusqu’à celui, en 1988, en Israël encore, d’Ivan Demjanjuk. (Lire en ligne un compte rendu de cet ouvrage sur la « Cliothèque ».)
(Bpi, niveau 3, cote 930.748 WIE)

Face à la cage de verre, le procès Eichmann, 1961, 
Haim Gouri (Tirésias, 1996)

Journaliste à Jérusalem en 1961, l’auteur relate ce qu’il entend et ce qu’il voit au procès.
(Bpi, niveau 2, cote 930.748 GOU)

Jugements derniers : le procès Pétain, le procès de Nuremberg et le procès Eichmann,
Joseph Kessel (Taillandier, 2007)

Paris, Palais de justice, août 1945 : Le maréchal Pétain, ex-chef de l’État français, assiste, muré dans le silence, à son procès. À la barre des témoins défilent des hommes que tout oppose, de Laval à Blum. Nuremberg, novembre 1945 : Vingt-et-un dignitaires du III^e Reich prennent place sur le banc des accusés. Jérusalem, avril 1961:  Adolf Eichmann, seul dans son box de verre, répond devant un tribunal israélien de sa participation à la Solution finale. Joseph Kessel, envoyé spécial de France-Soir, s’est trouvé en ces trois lieux, à ces trois moments.
(Bpi, niveau 2, cote 840 « 19 » KESS 1)

Le procès de Jérusalem : juger Eichamnn, 
Léon Poliakov (Calmann-Lévy, 1999)

Pendant des mois, d’avril à décembre 1961, le procès historique d’Adolf Eichmann s’est déroulé devant l’opinion mondiale. Avec « Le Procès de Jérusalem », Léon Poliakov met à la disposition de tous les éléments du dossier que les juges eurent entre les mains. Une longue introduction de l’auteur précise les crimes du nazisme, rappelle les circonstances de la capture d’Eichmann et développe la chronique du procès à l’aide des témoignages les plus saisissants. L’analyse des débats met en lumière des faits capitaux qui n’ont pas figuré dans les comptes rendus de la presse de l’époque. Le texte du jugement, édité par Léon Poliakov, offre un historique des persécutions raciales au fil des années dans les différents pays d’Europe, vues et méditées dans la perspective israélienne.
(Bpi, niveau 3, cote 930.748 POL)

Eichmann à Jérusalem, 
Hannah Arendt (Gallimard, 2002)

 Voici un texte qui, par la controverse qu’il suscita dès sa parution chez les historiens, eut le mérite essentiel de contraindre ceux-ci à entreprendre des recherches nouvelles sur le génocide des Juifs par les nazis. En effet, le reportage d’Hannah Arendt, envoyée spéciale du New Yorker au procès de Jérusalem, philosophe américaine d’origine juive allemande, auteur d’un ouvrage célèbre sur les origines du totalitarisme, fit scandale à New York et à Londres, en Allemagne comme en Israël.
(Bpi, niveau 2, cote 320 AREN 1)
  

L’affaire 40-61, Harry Mulish (Gallimard, 2003)

Le romancier H. Mulisch a assisté pour un hebdomadaire néerlandais au procès d’Eichmann, en 1961. Ses comptes rendus d’audience sont donc à l’origine du livre, et ne sont que les prémisses d’une descente dans l’enfer de l’Allemagne nazie. Ce procès va lui donner l’occasion de réfléchir à la notion de mal, à la déshumanisation et au sens de l’Histoire. 
 (Bpi, niveau 3, cote 839.31 MUL)
 

L’ère du témoin

Dans L’ère du témoin, paru en 1998, Annette Wieviorka rappelle l’importance que prit la parole du témoin lors du procès Eichmann.

Le procès marque un tournant décisif pour la construction de la mémoire de la Shoah et de la Seconde guerre mondiale. La valeur du témoignage des survivants devient centrale lors du procès et amorce une nouvelle approche de l’histoire de l’extermination des Juifs d’Europe. Le récit du témoin aide à donner une voix et un corps aux victimes disparues. Le cadre du procès lui donne une résonance collective et renforce son inscription dans la mémoire.

 » Le procès Eichmann a libéré la parole des témoins  (…), avec le procès Eichmann, le survivant acquiert son identité sociale de survivant, parce que la société la lui reconnaît.  » (L’ère du témoin, p.117.)

L’ère du témoin, Annette Wieviorka, (Plon, 1998)

Spécialiste de l’histoire du génocide et de la construction de la mémoire, Annette Wierviorka développe dans ce livre les relations entre le témoignage et l’histoire, distinguant trois phases dans l’histoire du témoignage. Durant les premières années s’après-guerre le témoins veulent rappeler ce qui s’est passé, mais ne sont guère entendus. A partir du procès Eichmann, les témoignages sont au contraire sollicités, dans une perspective judiciaire. Enfin, à l’ère du témoin, le témoignage relève d’un véritable impératif social et non plus d’une nécessité intérieure.
(Bpi, niveau 3, cote 930.748 WIE)

 

Georges Wellers, un témoin français au procès Eichmann

Georges Wellers, chimiste, est né en 1905 en Russie. Il est le seul témoin français à comparaître au procès Eichmann. Il a été déporté à Auschwitz et à Buchenwald. Il  publia dès 1946 son témoignage De Drancy à Auschwitz qui ne reçut pas d’écho à l’époque. Il devient responsable scientifique du Centre de documentation juive contemporaine, créé en 1943 par Isaac Schneersohn, fusionné ensuite avec le Centre du Mémorial de la Shoah.  Il a publié plusieurs livres contre le négationnisme. Son témoignage au procès Eichmann a été retranscrit (en anglais).

 

L’étoile jaune à l’heure de Vichy : de Drancy à Auschwitz, Georges Wellers (Fayard, 1973)
(Bpi, niveau 3, cote 944-6 WEL)

La solution finale et la mythomanie nazie, 

Georges Wellers (C.D.J.C, 1949)
(Bpi, niveau 3, cote 930.748 WEL)

Lire le témoignage de Rivka Yosselevska

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Sélection de références

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