Lectures d’été 2025 – Des mots à déguster
Cette sélection estivale va vous faire saliver ! Balises et Tu vas voir ce que tu vas lire vous proposent cinq ouvrages (romans, essai, recueil de poésie) dans lesquels le goût prend toute son importance.
Tous les ans, Balises et Tu vas voir ce que tu vas lire vous proposent une sélection de lectures d’été : romans, essais, bandes dessinées, romans graphiques, recueils de poésie. Notre sélection estivale 2025 vous donne l’occasion d’éveiller vos sens !
Retrouvez tout au long de l’année d’autres chroniques littéraires sur les comptes Facebook et Instagram de Tu vas voir ce que tu vas lire, animés par le service littérature de la Bpi.
Publié le 14/07/2025 - CC BY-SA 4.0
Notre sélection
Sur la route et en cuisine avec mes héros
Rick Bass
Christian Bourgois éditeur, 2019
Écrivain des grands espaces et de la nature, Rick Bass délaisse son refuge du Montana pour rendre visite à ses mentor·es en littérature, tous admiré·es pour leur œuvre, et, pour certain·es, ami·es de longue date. En guise de remerciements, il désire offrir à chacun d’eux un repas préparé par ses soins. Accompagné dans son « pélerinage de gratitude et de générosité » par une de ses étudiantes, écrivaine en herbe, il décrit soigneusement chacun de ses voyages, chacun des menus savamment réfléchis et dresse le portrait émouvant de chacun de ses hôtes. C’est aussi le récit d’une transmission entre la jeune génération et celle des aîné·es, incarnée notamment par Jim Harrison.
Conjuguant art de vivre et art d’écrire, Rick Bass nous invite à partager ces moments conviviaux et intimes en cuisine et à table, à déguster galettes de patates douces, burger d’élan au gingembre, tarte à la rhubarbe en compagnie, entre autres, de Thomas McGuane et Joyce Carol Oates. Un hommage à l’amitié et à la littérature sous le signe de la gourmandise.
À la Bpi, 821 BASS
Le Goûter du lion
Ito Ogawa
Éditions Picquier, 2022
Shizuku souffre d’un cancer en phase terminale et va s’installer dans la « Maison du Lion », une résidence de fin de vie sur une petite île de la mer de Seto. La trentenaire se retrouve alors dans un cocon de bien-être, où chaque résident·e, ou plutôt « invité·e », jouit d’un grand calme et de soins les plus attentionnés pour profiter de ses derniers instants. Mais c’est surtout la nourriture, délicieuse et consolatrice, qui est au centre de toutes les attentions, d’autant plus le dimanche, quand est concocté le dessert favori d’un des pensionnaires. Les moments d’abattement ne sont pas rares, surtout quand un·e résident·e meurt ou quand elle sent ses forces décliner, mais Shizuku peut sereinement repenser à son enfance heureuse auprès de son père adoptif et elle réalise même son rêve d’enfant en adoptant une petite chienne.
Portant sur un sujet sombre, ce roman, à la première personne, parvient à être solaire. Avec une grande douceur, l’autrice japonaise Ogawa Ito livre un hymne à la jouissance de la vie et aux soins palliatifs bienveillants. Les séances de thérapie contre les douleurs du corps et de l’âme et les plaisirs de la bouche sont prônés comme les meilleurs moyens d’adoucir la fin de vie. La mort est un moment que les résident·es apprennent à accepter et à affronter paisiblement, après avoir fait la paix avec leur passé, et leurs derniers instants deviennent alors plus intenses.
À la Bpi, 895.6 OGAW.I
Le Festin de Babette
Karen Blixen
Gallimard, collection Quarto, 2007
Au lendemain de la Commune de Paris, Babette, cheffe cuisinière renommée d’un grand restaurant parisien, se voit contrainte à l’exil pour fuir la répression. Elle trouve refuge comme domestique dans un petit village luthérien de Norvège, auprès de deux sœurs puritaines qui ont sacrifié leur vie pour la communauté. Après quinze années humblement passées à leur service, Babette apprend qu’elle a gagné dix mille francs à la loterie. Contre toute attente, elle décide d’utiliser cet argent pour confectionner sa grande œuvre : un somptueux dîner pour douze personnes, dans la plus pure tradition française. Érigée en art, la cuisine raffinée de Babette fait bien plus que rassasier, elle métamorphose par le plaisir une société confite en religion. Le geste, généreux, transcendant, subversif, disait suffisamment du rôle de l’artiste pour que Karen Blixen le transpose en un conte devenu intemporel.
À la Bpi, 839.8 BLIX
La Seiche
Maryline Desbiolles
Seuil, 1998
Que dévoile-t-on de soi lorsqu’on cuisine pour les autres ? Au-delà du choix minutieux de la recette, de la précision technique des gestes – hacher, farcir, cuire -, que dit ce temps de la préparation, à la fois introspectif, intime, et tourné vers les autres ? Alors qu’elle s’apprête à se mesurer aux seiches qu’elle servira à ses invité·es, la narratrice du roman de Maryline Desbiolles plonge en elle-même, oscillant entre les souvenirs de sensations passées, l’attente du partage à venir et l’espoir que le résultat de la recette soit à la hauteur des espérances. En 12 étapes qui sont autant de consignes de la recette, Maryline Desbiolles esquisse ainsi un parcours culinaire et sentimental d’une grande délicatesse, embaumé par les parfums de la cuisine provençale, au cours duquel la cuisinière, autant que ses produits, se transforment et changent d’état.
À la Bpi, 840″19″ DESB
Un simple dîner
Cécile Tlili
Éditions Calmann-Lévy, 2023
Étienne et Claudia invitent Rémy et Johar à dîner chez eux. Étienne est un avocat issu d’une famille aisée qui peine à avoir le succès qu’il pense mériter. Claudia est une kinésithérapeute qui souhaite avant tout être aimée. Rémy, professeur de banlieue, espère un jour avoir une place importante dans la société. Cela pourrait arriver grâce à sa femme Johar qui, issue d’un milieu modeste et d’une famille immigrée, est en passe d’arriver au sommet de la société dans laquelle elle travaille. Cependant, rien ne se déroule comme prévu pour les quatre personnages au cours de ce « simple » dîner, où rien n’est simple d’un point de vue émotionnel et professionnel, car les pensées des un·es et des autres se mêlent et s’entrechoquent comme des auto-tamponneuses.
Ce premier roman de Cécile Tlili pose d’emblée la question la plus difficile pour tout être humain : quelle est notre place dans ce monde ? Est-ce que la vie que nous choisissons est la meilleure pour nous ? Ce roman semble faire écho, à distance de plus d’un demi-siècle, au Huis clos de Sartre : « L’enfer, c’est les autres. » Mais il actualise la question existentialiste en posant un regard particulier sur les femmes, sur le rôle qu’elles ont à jouer dans la société. C’est pourquoi, tout en évoquant des questions ancestrales, Un simple dîner est aussi une œuvre très actuelle et qui porte un regard éloquent sur la vie des femmes aujourd’hui. Ce roman a reçu le prix Gisèle Halimi en 2023.
À la Bpi, 840″20″ TLIL
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