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Appartient au dossier : Les premiers aventuriers du cinéma

Les premiers aventuriers du cinéma #2 : Félix Mesguich

À la fin du 19e siècle, l’opérateur-reporter Félix Mesguich fait le tour du monde et réalise des prises de vue cinématographiques pour la société des frères Lumière.
Balises revient sur son parcours à l’occasion du cycle « À l’aventure ! » organisé par la Cinémathèque du documentaire à la Bpi au printemps 2022.

Félix Mesguich, Washington : le président McKinley adressant son message au peuple, vue Lumière n°433, 1897

Félix Mesguich (1871-1949) commence sa carrière d’opérateur-projectionniste dans les usines Lumière à Lyon-Montplaisir, au début de l’année 1896. Au mois de juin, il est envoyé aux États-Unis pour équiper en matériel les principales salles de projection de New York et présenter le cinématographe Lumière. Durant l’année 1897, il s’initie à la prise de vue en filmant des défilés militaires, la circulation de piétons, de voitures hippomobiles et de tramways électriques dans les rues de Washington. À l’instar de l’opérateur Alexandre Promio, ses prises de vue captent le mouvement du monde moderne. Au cours de ses voyages en Algérie et en Tunisie, il filme les paysages, les quartiers populaires et les mœurs des habitants avec le souci de capter des instantanés du réel. En 1898, il se rend à Saint-Pétersbourg et met en scène une vue dans laquelle la Belle Otero, célèbre danseuse de cabaret, exécute un numéro. Au début du vingtième siècle, il est considéré comme le premier opérateur-reporter cinématographique.

Expérimenter avec le cinématographe

Durant ses voyages à l’étranger et en France, Félix Mesguich travaille sur les capacités techniques du cinématographe. Dans la vallée du Gave de Cauterets (vue Lumière n°1212, 1899), il prend un « panorama Lumière » du paysage, en filmant depuis la portière d’un train en marche. Des vues sont également réalisées avec la caméra posée sur le toit d’un train qui entre et sort de plusieurs tunnels. Ces plans larges ont une visée descriptive et donnent à voir un environnement en mouvement d’un seul point de vue physique.

À Boston, après avoir visionné Les Bains de Diane à Milan, réalisé par Giuseppe Filippi en 1896, il rembobine la vue en tournant la manivelle à l’envers. Les sujets filmés réalisent leurs actions de manière inversée. Il se produit une modification de l’espace et du temps. C’est l’effet de « marche arrière », également expérimenté par les frères Lumière sur le film la Démolition d’un mur en 1896. En mars 1909, Félix Mesguich accompagne l’aviateur Wilbur Wright lors d’un vol et réalise le premier film en aéroplane. Le décollage est pris en vue subjective. La caméra, fixée sur l’aileron, filme des plans à basse altitude. Les mouvements créés sont similaires à ceux d’une caméra portée. À l’image, apparaissent et se succèdent différents points de vue et perspectives de paysages. 

Félix Mesguich explore également les potentialités du cinématographe avec un plan en plongée sur le peuple américain qui écoute le discours du président McKinley à Washington (vue Lumière n°433, 1897). La prise de vue donne l’impression que les perspectives sont écrasées. Ce choix d’angle de vue, lui permet de faire apparaître une grande partie de la foule, dans un souci de montrer le plus d’éléments à l’image. L’enregistrement possède une dimension politique puisqu’il s’agit du discours d’entrée en fonction d’un président américain. En parallèle de cette élection, il filme la même année, des défilés militaires d’officiers et de soldats (vue Lumière n°344, 1897), à Washington. Au cours de ses voyages, Félix Mesguich produit plusieurs prises de vue de souverains et de présidents. Il est par exemple présent lors du couronnement du tsar en Russie et durant le mariage du roi d’Espagne. À travers ces événements, il donne à voir toute la richesse de l’actualité politique de son époque.

Publié le 11/04/2022 - CC BY-NC-SA 4.0

Pour aller plus loin

Opérateur : Félix Mesguich | Catalogue-Lumière.com

Conçu par la classe Conception Multimédia de l’École d’Arts Appliqués de la Chaux-de-Fonds, sous la direction de Manuel Schmalstieg et à partir de l’ouvrage La Production cinématographique des frères Lumière dirigé par Michelle Aubert et Jean-Claude Seguin, ce catalogue répertorie l’ensemble des films produits par la société Lumière entre 1895 et 1905. Les vues sont classées par lieu, par date ou événement, et par opérateur. L’entrée consacrée à Félix Mesguich comprend 23 films.

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