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Appartient au dossier : Migrations environnementales

Migrations environnementales #4 : les cyclones en Amérique centrale

Avec le réchauffement climatique, les cyclones et ouragans, qui frappent les zones tropicales chaque fin d’année, vont s’intensifier. Ces phénomènes extrêmes conduisent déjà les personnes des régions touchées à migrer. Balises revient sur ces mouvements de population en écho à une rencontre sur les migrations environnementales organisée à la Bpi en mai 2022.

Un village et maisons inondées
Le 3 novembre, l’ouragan de catégorie 4 ETA a frappé la côte nord-est du Nicaragua, avec des vents de 240 km/h. EU Civil Protection and Humanitarian Aid, CC BY-ND, via Flickr

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Des cyclones plus intenses

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alerte depuis 2013 sur l’effet que peut avoir le réchauffement climatique sur certains phénomènes météorologiques extrêmes. La chaleur des océans, quand elle s’élève au-dessus de 26°C, entraîne la formation cyclones, ouragans et autres typhons – leur nom varie en fonction de leur origine géographique, mais le phénomène reste le même. Sur la planète, 80 cyclones tropicaux sévissent en moyenne chaque année, avec des vents supérieurs à 118 km/h, mais qui peuvent atteindre 300 km/h — comme Dorian en 2019. Une quinzaine de ces ouragans, qui naissent en mer, atteignent les côtes. Ils peuvent faire des ravages dans les zones habitées. Le réchauffement du climat ne va pas nécessairement entraîner une multiplication de ces phénomènes, dont le nombre devrait rester stable. En revanche, leur durée ainsi que leur étendue va s’accroître, et leur intensité augmenter, avec des pluies plus abondantes et des vents plus violents. 

Eta et Iota dévastent l’Amérique centrale

En 2020, deux ouragans ont frappé l’Amérique centrale entre le Guatemala et le Nicaragua. L’ouragan Eta, de catégorie 4 (sur une échelle de 5), avec ses pluies torrentielles et ses vents violents, a provoqué d’importantes montées des eaux qui ont emporté plusieurs villages. L’ouragan Iota, de catégorie 5, qui a suivi quinze jours plus tard, a frappé des zones déjà fragilisées et des terres gorgées d’eau, et achevé de provoquer glissements de terrains et inondations. De plus, les dégâts provoqués par Eta ont compromis les évacuations avant l’arrivée de Iota, ce qui a sans doute accru le nombre de victimes. Au total, on a dénombré dans cette zone plus de deux cent cinquante morts. Les dégâts vont coûter plusieurs centaines de millions de dollars à chacun des pays concernés, ce qui va peser sur la croissance de leurs économies. 

1,5 million de personnes déplacées

Dans les zones touchées, les habitants ont parfois perdu leur maison, leurs récoltes, sans possibilité de réemménager avant plusieurs mois, voire plusieurs années. 1,5 million de personnes se sont déplacées à cause d’Eta et Iota selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC). Cela s’ajoute à des phénomènes migratoires déjà importants du fait de la pauvreté. Le Guatemala et le Honduras se sont vus accorder par les États-Unis le statut de protection temporaire pour leurs ressortissants émigrés : cette mesure garantit la non-expulsion de personnes originaires de pays frappés par des catastrophes ou des guerres. Cela doit permettre aux personnes déjà émigrées d’envoyer de l’argent vers les familles restées au pays, constituant une ressource non-négligeable, même si elle reste insuffisante. 

Publié le 23/05/2022 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Fuir les ouragans et les sécheresses : Changements climatiques et migration en Amérique centrale | IOM, 8 novembre 2021

Les statistiques du Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC) estiment que Eta et Iota ont entraîné 1,5 million de nouveaux déplacements en Amérique centrale, un chiffre important par rapport au bilan total de la dernière décennie (2,2 millions), qui comprend des événements tels que des séismes ou des sécheresses.

Nouvelle fenêtre

Cyclones, ouragans, typhons … et changement climatique | CNRS, 20 mai 2021

L’année 2020 a été marquée par une activité cyclonique record dans Atlantique Nord. Avec le changement climatique en cours, devons-nous attendre à une multiplication de tels phénomènes ?

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