En chiffres

L’océan a capturé 90 % de la chaleur accumulée dans l’atmosphère par l’effet de serre

L’océan a absorbé 90 % de la chaleur excédentaire générée par les émissions de dioxyde de carbone depuis la révolution industrielle, affirme le rapport du GIEC de 2019. Il joue donc un rôle déterminant dans la stabilisation du climat. Cependant, la capacité des océans à réguler le CO₂ dans l’atmosphère pourrait s’amenuiser, tant cet écosystème est malmené. Balises vous propose quelques repères en écho à la Fête de la Science 2024 et au « Rendez-vous climat » de mai 2024, consacrés aux océans et au changement climatique.

océan avec icebergs et soleil à l'horizon
Photo de William Bossen, via Unsplash

Le rôle de l’océan dans la régulation du climat

L’océan mondial fournit 50 % de l’oxygène que nous respirons. Il capte en moyenne 23 % des émissions de dioxyde de l’humanité par an, d’après l’Unesco.

Depuis 1870, l’océan mondial a absorbé près de 150 milliards de tonnes de CO2. Sur la période 2004-2013, ce sont environ 2,6 milliards de tonnes de carbone par an qui ont été capturées, soit 30 % des émissions de CO2 émises durant ces neuf années.

fond marin : herbiers et poissons
William Bossen, via Unsplash

Il contient 40 000 milliards de tonnes de carbone, soit 40 à 50 fois plus que l’atmosphère, et le retient dans ses profondeurs. L’océan Austral, qui est relié à tous les océans, sauf à l’océan Arctique, capture à lui seul près de 40 % du CO2 renfermé par les mers du globe.

Les écosystèmes océaniques côtiers (herbiers marins, mangroves, coraux, marais salants…), retiennent 4 à 10 fois plus de dioxyde de carbone que les forêts terrestres. Les mangroves, par exemple, recouvrent environ 15,2 millions d’hectares et peuvent absorber jusqu’à 1 000 tonnes de carbone par hectare en moyenne. La superficie des prairies marines ou herbiers est estimée à 30 millions d’hectares, soit à peine 0,1 % du plancher océanique, mais ces vastes prairies réalisent 18 % du stockage océanique mondial

L’océan mondial a résorbé 90 % de la chaleur excédentaire générée par les émissions de dioxyde de carbone depuis le début de l’ère industrielle.

Une pompe à carbone fragile

Le système de pompe à carbone de l’océan est encore mal connu, mais repose sur des processus biologiques et physico-chimophysiques, sensibles aux modifications induites par le changement climatique ou l’activité humaine. Or, l’océan subit la pression intense de plusieurs éléments. Des modifications ont déjà été constatées et pourraient avoir des conséquences sur les capacités de régulation du climat, et plus largement sur la viabilité de la planète. 

La captation de l’excédent de CO2 de l’atmosphère a provoqué l’acidification des océans. Le PH de l’eau de mer est passé de 8,2 en 1860 à 8,1 aujourd’hui, et pourrait attendre 7,8 d’ici 2100. Ce taux affecterait la moitié des espèces aquatiques.

La température moyenne mondiale de surface de la mer a augmenté de 0,6 °C en 40 ans et toutes les mers européennes se sont réchauffées, constate Copernicus, le service européen d’observation du climat. L’océan est aussi sujet aux canicules, de plus en plus fréquentes, et en juin 2023 un record de température a été établi. La situation pourrait se reproduire en 2024 avec le phénomène climatique El Niño, associé à des canicules océaniques par le passé.

Une augmentation de 2 ou 3 °C de la température des eaux de surface suffit à diminuer la solubilité du CO2 et, par conséquent, la capacité de l’océan à le stocker. Le réchauffement de l’eau diminue également leur concentration en oxygène. Sur la période 1960-2010, le taux d’oxygène a baissé de 2 %, touchant plus particulièrement les zones côtières. L’augmentation des températures, l’acidification et la désoxygénation de l’eau se traduisent sur le terrain par la disparition d’habitats marins, la mort des récifs coralliens, une perte de la biodiversité ou le déplacement d’espèces marines.

plongeur examinant les récifs de coraux blanchis
Blanchiment des coraux à Hawaï, 2015. Caitlin Seaview Survey, Public domain, via Wikimedia Commons

La pollution directe des mers, liée aux activités humaines, contribue aussi largement au déséquilibre du milieu marin : les émissions de CO2 des transports maritimes s’additionnent à celles émises sur terre, et entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique terminent dans l’océan chaque année. L’artificialisation du littoral est en progression constante, supprimant des écosystèmes très riches comme les mangroves. Les ressources marines sont globalement surexploitées.

Des actions nécessaires

Il est difficile de mesurer les conséquences exactes des changements en cours, car l’océan et ses mécanismes doivent être appréhendés dans leur totalité. Or, la plus grande partie de la vie océanique est invisible. L’océan recouvre 70 % de la surface de la Terre et les scientifiques n’en auraient exploré que 5 %. 91 % des espèces marines restent à découvrir : nous ne connaissons que 220 000 espèces.

Aussi, en 2017, les Nations unies considèrent l’océan comme un acteur majeur dans la lutte contre le changement climatique. Elles encouragent les recherches scientifiques océaniques, en proclamant la période 2021-2030, Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable. Des conférences internationales pour l’océan sont organisées. Un bilan très positif a été diffusé à l’issue de la dernière en date (juin 2022 à Lisbonne) et la France s’est positionnée pour accueillir la prochaine conférence en 2025. Rappelons que la France a un rôle primordial à tenir dans le dispositif de protection des océans, puisqu’elle possède le deuxième plus grand domaine maritime, juste derrière les États-Unis. Certaines de ses prises de position sont néanmoins critiquées, comme le soulignait en septembre 2023 la revue scientifique Nature, en évoquant notamment les pratiques de pêche au chalut. La planification écologique présentée par le président Emmanuel Macron n’a pas plus convaincu les écologistes, les actions en faveur de la protection de l’océan étant jugées insuffisantes.

Publié le 30/10/2023 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Décennie de l'océan - La science dont nous avons besoin pour l'océan que nous voulons | site officiel

Ce site est dédié à l’actualité de la Décennie de l’océan, une « initiative-cadre de dix ans visant à identifier, générer et utiliser des connaissances océaniques essentielles pour gérer l’océan de manière durable » lancée par les Nations unies. Elle concerne la période 2021-2030 et les objectifs sont résumés en dix défis liés à la connaissance de l’océan, à sa protection et à son exploitation. L’un des défis est lié au changement climatique : « Déverrouiller les solutions océaniques au changement climatique ».

Océans et milieux marins - Ressources du CNRS | Centre national de la recherche scientifique (CNRS), juin 2023

Cette page est destinée à rassembler diverses ressources sur la thématique des océans (les environnements marins et leur biodiversité, les menaces et les moyens de protection).

L’océan, notre meilleur allié contre les changements climatiques, Action climat | Nations Unies

Cette page liste les raisons de préserver l’océan, notre meilleur allié pour trouver des solutions au problème climatique.

Océans et climat, quel avenir ?

Éric Guilyardi
le Pommier, 2008

Questions-réponses sur le rôle de l’océan dans la régulation du climat, l’impact du réchauffement climatique sur son rôle de poumon de la planète, les effets de l’acidification des eaux océaniques, etc.  © Electre
Des réponses brèves, claires et sérieuses.

À la Bpi, niveau 2, 5(076) PET 102

Une introduction à la dynamique des océans et du climat. Tome 1 , Océan

Alain Colin de Verdière
EDP sciences, 2020

Une présentation des mouvements de l’océan et une analyse de leurs causes montrant leur lien avec ceux de l’atmosphère. L’auteur aborde notamment la mécanique des fluides adaptée à l’océan, les marées, la circulation thermohaline ou les tourbillons. ©Electre 2020

À la Bpi, niveau 2, 550.63 COL

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