Sélection

Appartient au dossier : Les visages du documentaire canadien

Pierre Perrault, sur parole

« Je ne prends pas la parole. Je la donne », disait le cinéaste et poète canadien Pierre Perrault (1927-1999). Se réapproprier la parole pour construire son identité est en effet au cœur de son œuvre. Balises vous propose une sélection d’ouvrages pour découvrir les documentaires et la langue de Pierre Perrault, alors que la Cinémathèque du documentaire à la Bpi projette plusieurs de ses films à l’automne 2022 pendant le cycle « Au Canada… Traversée documentaire ».

Poète, cinéaste, essayiste, dramaturge, animateur de radio… les casquettes de Pierre Perrault sont nombreuses et témoignent toutes de sa quête du Québec, d’une volonté de rendre hommage à un peuple, une langue, une culture qui sont les sien·ne·s.

Né à Montréal en 1927, Pierre Perrault délaisse rapidement une carrière d’avocat pour écrire des textes d’émissions à Radio-Canada. Passionné par les gens, il part en immersion, micro à la main, d’abord pour la radio, puis pour le cinéma. En compagnie du chef-opérateur Michel Brault et de l’ingénieur du son Marcel Carrière, il contribue ainsi à donner forme à une nouvelle approche documentaire, le cinéma direct. Les dix-sept documentaires qu’il réalise au cours de sa carrière, comme Pour la suite du monde (1962) ou La Bête lumineuse (1982) traduisent une démarche singulière et humaniste. Ses livres, par exemple Toutes isles (1960) ou Le Mal du Nord (1999), explorent avec lyrisme le territoire, l’identité québécoise, la place de l’homme dans son environnement.

Directeur de l’Office national du film canadien (ONF) de 1965 à 1996, Pierre Perrault meurt à Montréal en 1999.

Publié le 10/10/2022 - CC BY-SA 4.0

Regards sur Pierre Perrault

Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault. Façons de croire, façons de dire, façons de faire

Caroline Zéau
Yellow now, 2017

Caroline Zéau est maîtresse de conférences en cinéma, spécialiste du cinéma documentaire québécois. Dans ce court essai, elle analyse d’abord le contexte de réalisation de Pour la suite du monde (1963), et les raisons pour lesquelles le film constitue un tournant du cinéma documentaire mondial.

Pour ce faire, elle s’arrête en particulier sur les fonctions du langage qui se déploient dans le film. Puis elle entre dans une analyse précise de l’œuvre elle-même. En guise de conclusion, l’autrice explique en quoi Pour la suite du monde est représentatif des revendications du cinéma direct. De nombreux photogrammes, un glossaire, des informations de production et une bibliographie complètent le livre.

À la Bpi, niveau 3, 791.24 PER

À grande allure : l'œuvre de Pierre Perrault

Juliana Araujo et Michel Marie (dir.)
Presses Sorbonne Nouvelle, 2015

Cet ouvrage a été publié à la suite de rétrospectives de l’œuvre de Pierre Perrault au Brésil et à la Cinémathèque française à Paris en 2012. Il complète également un colloque à Rio de Janeiro en 2012, qui a été prolongé à Paris la même année, et organisé par l’Association brésilienne Balafon en partenariat avec l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (IRCAV) de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.

Il réunit des contributions venues de France, du Brésil et du Canada, en particulier le témoignage de Yolande Simard-Perrault, épouse et collaboratrice de Pierre Perrault. Une première partie met en relation les itinéraires biographique et cinématographique de l’artiste. Une deuxième partie analyse la manière dont Perrault s’inscrit dans le courant du cinéma direct. Une troisième partie se concentre sur quelques films de Perrault. Enfin, dans la dernière partie, l’esthétique et l’approche de la mise en scène documentaire de l’artiste sont analysées.

À la Bpi, niveau 3, 791.24 PER

Pierre Perrault, cinéaste-poète

Paul Warren (dir.)
L'Hexagone, 1999

Le professeur de cinéma Paul Warren a invité trente-trois personnes à évoquer l’œuvre de Pierre Perrault. Personnages de ses films, cinéastes, historiens du cinéma, sociologues, philosophes ou encore linguistes, poètes et dramaturges, experts en tradition populaire : les voix qui s’élèvent sont nombreuses.

Elles décrivent, souvent à la première personne, les mille facettes d’un homme et d’une œuvre sans cesse en mouvement, à la recherche du mot et de l’image justes permettant à chacun de s’approprier le réel. Comme le disait Pierre Perrault lui-même : « L’art, je veux bien, mais la vie bon Dieu ! J’aime la réalité. J’aime les hommes vivants. »

À la Bpi, niveau 3, 791.24 PER

À bout de patience. Pierre Perrault et la dépossession

Olivier Ducharme
Les éditions Écosociété, 2016

Comme les personnages des documentaires de Pierre Perrault, Olivier Ducharme est à bout de patience. Devant le laisser-faire propre à l’économie triomphante et l’absence apparente d’alternative, la colère qui traverse l’œuvre cinématographique du réalisateur de Pour la suite du monde est saine, et d’une brûlante actualité. Mais quel sens donner à cette filmographie empreinte de colère et d’indignation ? À bout de patience se penche sur la notion de dépossession économique et culturelle dépeinte dans les récits que Perrault rapporte de ses aventures en Québécoisie, qu’il approfondit à partir du dernier volet de la Trilogie de l’Isle-aux-Coudres, ainsi que dans les cycles abitibien et amérindien.

À travers l’œil de la caméra du documentariste, Olivier Ducharme convoque les personnages et les images qui habitent les films de Perrault pour penser notre époque : prolétarisation et dette (Les Voitures d’eau), perte du territoire et dépossession agricole (Un royaume vous attend), dépossession culturelle chez les Autochtones (Le Goût de la farine). Le constat est amer : nos sociétés sont soumises à un inexorable processus de dépossession face au rouleau compresseur de la mondialisation, aboutissant à une profonde perte de pouvoir des populations.

Se réappropriant la parole critique de Perrault, Olivier Ducharme nous rappelle que, par son indépendance d’esprit, le poète-cinéaste demeure une référence pour les luttes actuelles et futures. Perrault le disait : il faut « faire quelque chose de ce qu’on a fait de nous ». Ainsi, pour Olivier Ducharme, « si la mémoire et l’héritage de Perrault ont encore du sens aujourd’hui, c’est parce qu’ils nous convainquent que rien n’est plus important que la diversité culturelle et la liberté ».

[Résumé de l’éditeur]

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Pierre Perrault par lui-même

Activiste poétique. Filmer le Québec. Entretien avec Simon Suchet

Pierre Perrault et Simone Suchet
Capricci éditions, 2014

Simone Suchet a mené de nombreux entretiens avec Pierre Perrault, au début des années quatre-vingt et à la fin des années quatre-vingt-dix, peu de temps avant la mort du cinéaste et poète.

Il en résulte cet ouvrage, qui fait entendre la voix de Perrault seule, sans dialogue, au fil de verbatim organisés de manière thématique, en quatre parties : l’apprentissage, les films, la culture et la société québécoise et l’aventure artistique et humaine.

À la Bpi, niveau 3, 791.24 PER

Cinéaste de la parole. Entretiens avec Paul Warren

Pierre Perrault et Paul Warren
L'Hexagone, 1996

Paul Warren, professeur de cinéma, dialogue avec Pierre Perrault dans cet ouvrage paru chez l’éditeur qui a publié plusieurs œuvres littéraires de l’artiste. Dans ce long échange à bâtons rompus, la langue de Perrault se dévoile autant que le cheminement de sa réflexion et que le regard qu’il porte sur ses films.

Structuré en six parties, le dialogue de Warren et Perrault aborde les enjeux du montage, le rapport à la fiction, à la poésie, à la parole, aux images, au réel…

À la Bpi, niveau 3, 791.24 PER

Caméramages

Pierre Perrault
L'Hexagone, 1983

Caméramages rassemble une vingtaine de textes de Pierre Perrault sur sa pratique de cinéaste, certains d’abord publiés dans la presse, d’autres inédits.

Organisé en six parties, l’ouvrage s’arrête d’abord sur le cycle de L’Île-aux-Coudres, aborde ensuite la question – centrale – du Québec, puis le cycle abitibien, la « question amérindienne », pour terminer sur une réflexion sur le cinéma et épiloguer sur La Bête lumineuse, alors le dernier film en date de Perrault. Les convictions de l’artiste et sa langue musicale se déploient et permettent de cerner les enjeux qui traversent ses films.

À la Bpi, niveau 3, 791.24 PER

Paroles littéraires

Partismes

Pierre Perrault
L'Hexagone, 2005

Ce recueil posthume rassemble le dernier texte auquel travaillait Pierre Perrault avant sa mort ainsi que trois autres, plus anciens, qu’il avait retravaillés. Partismes, d’après le mot employé par Jacques Cartier sur le point de traverser l’Atlantique, s’est d’abord appelé Saint-Malo, beau port de mer, du nom de la ville dont le navigateur s’est élancé.

Dans ce livre  inachevé, Pierre Perrault recherche l’origine des gens du fleuve Saint-Laurent. Il mène simultanément une réflexion sur leur langue, qui est aussi la sienne, ainsi que sur la construction même de son récit, qui fait écho aux lacunes persistantes, selon l’auteur, de l’histoire québécoise.

À la Bpi, niveau 3, 843 PERR 2

Le Mal du Nord

Pierre Perrault
Lux éditeur, 2022

C’est en parcourant les eaux du Grand Nord que Pierre Perrault, à bord du brise-glace Le Pierre-Radisson, écrit en partie cet ouvrage – d’abord sous forme d’impressions de voyage consignées dans un carnet.

Quelques années plus tard, il revient sur ses écrits et en tire un livre en forme de testament dans lequel on retrouve les thèmes qui jalonnent son œuvre : le fleuve, les explorations, la poésie, la parole, l’identification au territoire. Plus intéressé par les hommes qui l’entourent lors de son expédition que par la performance ou l’exploit, il offre, entre anecdotes du quotidien et étapes de récit de voyage, un texte lyrique et puissant sur la quête de sens.

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Toutes isles

Pierre Perrault
Lux éditeur, 2021

Toutes isles est le nom que donna Jacques Cartier aux fragments de terres dispersés sur le fleuve Saint-Laurent, au large du Québec. Si Pierre Perrault s’empare de ces mots pour en faire le titre de son livre, c’est tout naturellement en référence au navigateur malouin qu’il admire.

Ce livre, écrit en 1960 et paru à titre posthume dans la version remaniée par son auteur, témoigne du quotidien des pêcheurs de Tête-à-la-Baleine, des chasseurs de loups-marins et de caribous, des gestes séculaires exécutés par les Montagnais (ancien nom donné aux Innus) et de leur rapport à la nature qui les entoure. Un texte qui emprunte autant à la langue littéraire chère au poète Perrault qu’à la langue vernaculaire des hommes qui l’accompagnent. 

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