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Appartient au dossier : L’Inde au fil de la musique

Quelques concepts clés de la musique classique indienne

La musique classique indienne se divise en deux grands ensembles : la musique hindoustanie au nord de l’Inde et la musique carnatique dans les états du sud. En tant que musiques de concert, ces deux traditions musicales sont les plus connues du public étranger. Elles sont appréciées autant pour leur esthétique que pour leur système musical hautement élaboré. Celui-ci s’appuie sur le système mélodique des ragas et le système rythmique des talas. Bien que partageant ces principes fondamentaux, la musique hindoustanie et la musique carnatique se distinguent par les instruments utilisés ainsi que par les genres musicaux et les répertoires développés. 

carte des musiques de l'Inde
Tout en étant une musique de transmission orale, la musique classique est liée à une littérature musicologique. La musique est en effet un objet d’étude ancien dans le sous‑continent indien comme l’atteste l’existence d’un grand nombre de travaux musicologiques, rédigés en sanskrit tout d’abord puis en persan, ourdou et hindi ainsi qu’en diverses langues régionales (bengali, marathi, oriya notamment). C’est d’ailleurs par l’expression sanskrite « shastriya sangit », littéralement « la musique des traités », que sont souvent désignées ces deux traditions musicales. Dans la conception hindoue brahmanique et la culture sanskrite afférente, comme dans le monde arabo-persan, la musique a constitué une branche de la science traditionnelle.

Pour comprendre la musique classique indienne, il faut s’intéresser aux  concepts de raga, de tala et à celui de poème lyrique. Le raga et le tala sont à la base de la structure de la musique classique mais servent également de cadre de référence à d’autres genres musicaux du sous-continent indien.

Raga

Le raga constitue le cadre mélodique qui va permettre à l’artiste d’engendrer de nombreuses combinaisons au gré de son envie et de son inspiration. Un raga est une entité mélodique dotée d’une échelle ascendante et descendante particulière comprenant  un minimum de cinq notes organisées selon une hiérarchie et des proportions précises . Alors que certaines notes sont interdites, d’autres constituent des notes pivots ou des notes de passage .Chaque raga a ses mouvements et phrases mélodiques caractéristiques. Un raga est associé à une heure ou une saison ainsi qu’à une couleur émotionnelle particulière. Le but ultime de l’artiste qui interprète un  raga est de créer un plaisir esthétique chez l’auditeur.  

Tala

Le tala désigne le cycle rythmique joué par le percussionniste. C’est au sein de ce cadre rythmique  que le musicien soliste va développer le raga. Chaque tala comporte un certain nombre d’unités de temps (matra) réparties en divisions internes ou sections (vibhag) qui peuvent être de longueurs différentes.


Quelques talas communs :

  • Tintala : cycle de 16 temps  : 4  4  4  4

  • Ektala :     cycle de 12 temps : 2  2  2  2  2  2

  • Jhaptal :   cycle de 10 temps : 2  3  2  3 

Pour l’enseignement des talas,  les musiciens utilisent des onomatopées (bols) qui représentent les différentes frappes sur la percussion et qui permettent d’identifier des motifs rythmiques . Il existe de nombreuses compositions dans chaque tala, des plus simples aux plus complexes.

Poème lyrique 

Au cœur de toutes les formes vocales, le poème lyrique, composé dans un raga et un tala donnés, sert de base au développement musical. C’est autour de la première partie du premier vers du poème lyrique que chaque improvisation prend place, dans le cadre d’un ou de plusieurs cycles rythmiques. Le poème lyrique représente une image du raga et utilise une ou plusieurs phrases clés de celui-ci. 

Les répertoires de poèmes lyriques ont été conservés dans certaines recensions écrites mais ont surtout été transmis oralement.

Publié le 30/01/2012 - CC BY-SA 4.0

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