En chiffres

Appartient au dossier : Press Start 2023 : coup d’envoi pour l’esport !

20 000 euros : le salaire mensuel d’un·e joueur·euse professionnel·le d’esport

Il existe une relative confidentialité autour des rémunérations des joueur·euses esportif·ves. Elles sont extrêmement variables et dépendent du nombre de matchs auxquels iels participent. À cela, s’ajoutent les prix remportés lors des tournois, le sponsoring et les revenus publicitaires issus du live stream. À l’occasion de Press Start 2023, Balises vous explique combien gagne un·e joueur·euse professionnel·le.

Via Pxhere, CC0 Domaine Public

Un écosystème reposant sur les sponsors et la publicité

Le modèle économique de l’esport s’est progressivement structuré dans les années 1990 avec l’apparition des premières compétitions esportives. Les tournois de Quake (1996) et de StarCraft (1998) proposent au départ des gains en nature, allant de la voiture de luxe à des lots d’une valeur de 4 000 dollars. Les dotations en espèces apparaissent au cours des années 2000. Des ligues, comme la Cyberathlete Professional League (CPL), récompensent jusqu’à 150 000 dollars le vainqueur d’un tournoi de Painkiller

Aujourd’hui, le secteur est principalement régi par quatre acteurs : les éditeurs de jeux vidéo, les sponsors, les ligues organisatrices de tournois et les plateformes de streaming. La plupart des événements esportifs sont financés par les grandes entreprises de matériels informatiques. Elles sponsorisent les équipes participantes et attribuent les récompenses, dont certaines atteignent des niveaux records, comme en 2021 où les vainqueurs d’un tournoi de Dota 2 se sont partagés près de 40 millions de dollars. La publicité est également un levier de croissance, puisqu’elle rapporte à elle seule 192 millions de dollars en 2021. Les marques font des placements de produits durant les événements esportifs, par le biais d’encarts publicitaires ou directement dans le graphisme des jeux. Autres sources de revenus, les produits dérivés et les entrées aux tournois, qui ont rapporté près de 107 millions de dollars en 2022

Selon une enquête du New York Times, l’esport n’est pas encore un secteur rentable. Les éditeurs de jeu comme Riot et Blizzard Activision, qui gèrent des tournois, n’obtiennent pas de retours d’investissement suffisants. De nombreuses pistes sont examinées pour trouver d’autres financements, comme le fait de faire payer le streaming des tournois sur Twitch ou de négocier des droits de retransmission auprès des chaînes de télévision. De plus, les équipes professionnelles envisagent de lever des fonds auprès de leur base de fans pour obtenir un complément de revenus. Certain·es joueur·euses cherchent également à se rémunérer par le live stream ou leur chaîne Youtube.

Un salaire fixe pour les joueur·euses professionnel·les

Depuis la loi pour une République numérique, votée en 2016, l’État français reconnaît le statut des joueur·euses professionnel·les de jeu vidéo compétitif. Elle leur permet d’obtenir un contrat à durée déterminée auprès d’un club et un salaire minimum mensuel. Aujourd’hui, seules cinq structures esportives ont demandé l’agrément auprès du ministère en charge de la Transition numérique. La France compte près de 330 joueur·euses professionnel·les recensé·es en 2023.

Les professionnel·les de l’esport reconnaissent que ce cadre contractuel est difficilement applicable en l’état. En effet, le marché de l’esport est composé de clubs amateurs et professionnels, avec des situations financières différentes. Les règles juridiques varient selon les jeux et les compétitions. Le fait que les équipes soient constituées de joueur·euses internationaux·ales, complexifie également le recours à ce type de salariat. 

Tous les clubs sont par ailleurs confrontés à un souci de rentabilité de leurs équipes. Pour conserver leurs joueur·euses et assurer un niveau de performance dans les compétitions, ils doivent proposer un salaire suffisant et stable. Par ailleurs, en période de mercato, les montants salariaux proposés par les clubs sont parfois extrêmement élevés. Lorsqu’un contrat est signé, il est d’ailleurs souvent renégocié à la hausse au bout de six mois. Cela permet aux joueur·euses de s’assurer un salaire stable chaque saison.

Top 10 des joueurs professionnels ayant les rémunérations les plus élevées en 2019, via esportearnings.com, CC BY-ND

Des disparités de rémunération 

Des différences salariales notables existent entre les joueur·euses. Celleux qui ont atteint un niveau d’expérience élevé peuvent être acheté·es par des clubs prestigieux et prétendre ainsi à une importante rémunération. Lorsqu’iels remportent des tournois comme The International pour Dota 2 ou The Fornite World Cup, les sommes obtenues peuvent atteindre le million. La notoriété sur les réseaux sociaux a aussi un impact. Par exemple, Kyle « Bugha » Giersdorf, un des joueur·euses les mieux rémunéré·es de Fornite, a des revenus provenant de ses chaînes YouTube et Twitch. Le live stream lui rapporte près de 180 000 euros chaque année. 

Pour les joueur·euses ayant un niveau intermédiaire, la moyenne des salaires mensuels aux États-Unis et en France est comprise entre 10 000 et 20 000 euros sur un jeu comme League of Legends. Selon le règlement intérieur du championnat européen de League of Legends, l’inscription à des tournois garantit un salaire minimum de 1 000 euros par mois. Cette somme augmente de 1 000 euros par semaine si le ou la joueur·euse participe à une compétition. De plus, lorsqu’iels concourent durant une saison, soit 18 matchs ou plus pour une même équipe, la rémunération mensuelle monte à 60 000 euros.

À titre de comparaison, les salaires mensuels pour le jeu OverWatch sont de l’ordre de 1 000 à 5 000 euros. La ligue s’est engagée à ce que chaque club verse un salaire d’au moins 50 000 euros par an à ses joueur·euses. Sur Counter-Strike, ils s’élèvent à près de 25 000 euros par mois pour les meilleur·es joueur·euses.

Publié le 18/09/2023 - CC BY-NC-SA 4.0

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Accessible à la Bpi via Cairn

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