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Appartient au dossier : Babylon Berlin : la République de Weimar à l’écran

Babylon Berlin #2 : voyage dans la capitale allemande

La série télévisée Babylon Berlin brosse le portrait d’une métropole effrénée, au cœur des réseaux criminels, politiques et culturels de la République de Weimar. Balises revient sur cette évocation de la capitale allemande, en écho aux projections des Trésors du doc de la Cinémathèque du documentaire et aux rendez-vous sur l’Allemagne proposés par la Bpi et le Centre Pompidou au printemps 2022.

Image de la série Babylon Berlin : foule dansante dans un cabaret
X Filme/ARD/Sky/Beta Film

Hommage au cinéma de la République de Weimar, Babylon Berlin peut aussi s’interpréter comme un voyage dans la capitale allemande d’hier et d’aujourd’hui. Cette ambition est manifeste dans ses conditions de tournage et dans ses références à l’image touristique de la ville.

Un tournage au cœur de Berlin

Contrairement à d’autres séries historiques attirées par les subventions et les quartiers anciens de Prague ou de Budapest, Babylon Berlin est en grande partie tournée dans la capitale allemande. Sur l’Hermannplatz, une armée de figurants reconstitue une manifestation communiste violemment réprimée par la police lors du Blutmai (« mai sanglant ») de 1929. Les personnages traversent aussi l’Alexanderplatz, cœur névralgique de la capitale dont les bâtiments les plus récents sont numériquement effacés des plans panoramiques.

D’autres adresses berlinoises sont mobilisées pour figurer à l’écran des lieux aujourd’hui disparus. Les locaux de l’hôtel de ville et ceux d’une mairie d’arrondissement remplacent pour la série deux bâtiments emblématiques de l’Alexanderplatz en 1929 : le siège de la police et le café-restaurant Aschinger.

Enfin, la série investit les mythiques studios Babelsberg, au sud-ouest de Berlin. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée de films emblématiques de l’entre-deux-guerres (Nosferatu le vampire, 1922 ; Metropolis, 1927), et dans celle de productions internationales plus récentes sur l’histoire de l’Allemagne et de la Seconde Guerre mondiale (Inglorious Basterds, 2009 ; Monuments Men, 2014). Avec Babylon Berlin se concrétise d’ailleurs un projet de construction d’une nouvelle rue de décors à Babelsberg, installée en carré pour reproduire quatre quartiers de la capitale.

Une plongée touristique dans la capitale allemande

La vision du Berlin de 1929 véhiculée par la série présente de nombreux points communs avec l’imaginaire qui, de nos jours, entoure encore la capitale allemande : une ville traumatisée par une histoire violente, mais aussi un espace d’extravagance et de liberté. Elle projette sur l’entre-deux-guerres un argumentaire touristique contemporain, celui d’une ville « pauvre mais sexy » – pour reprendre l’expression de son ancien maire Klaus Wowereit –, à la fois lieu de mémoire et lieu de fête.

La série est d’ailleurs en partie financée par Visit Berlin, l’agence de marketing de la ville, qui espère ainsi encourager le tourisme et promouvoir le patrimoine des années vingt et les lieux de tournage – à l’instar d’autres fictions historiques ayant offert une nouvelle visibilité à leur région, comme Outlander en Écosse ou Poldark en Cornouailles. Babylon Berlin s’attarde sur des lieux reconnaissables par les touristes, dont la beauté est ici associée au crime : la fameuse île aux musées – en aval de laquelle flotte un cadavre solitaire –, les murs jaunes de la station Hermannplatz ouverte en 1926, les rives ensoleillées du lac de Wannsee où se pressent Berlinois d’hier et d’aujourd’hui. Grâce à son double statut de commissaire en quête de preuves et d’étranger fraîchement débarqué de Cologne, le personnage de Gereon Rath facilite la découverte progressive de la ville et de ses excès par le spectateur.

Publié le 25/04/2022 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Peter Zander, « Babylon Berlin, une série follement enthousiasmante », Courrier international, 13 octobre 2017

Dans cet article du Berliner Morgenpost traduit par Courrier international, le journaliste allemand Peter Zander revient sur l’ambition inédite de la série Babylon Berlin. Il évoque notamment les moyens déployés par les structures de production et les conditions de tournage à Berlin et aux studios Babelsberg.

Accessible à la Bpi via Europresse

Kim Wilkins, « Babylon Berlin’s bifocal gaze », Screen 62(2), 2021

Cet article revient sur la trame de la série Babylon Berlin qui, à l’image des campagnes de communication destinées aux touristes, présente la capitale allemande dans une double perspective : un lieu de fête, rappelé ici par les nombreuses scènes de débauche, et un lieu de mémoire, évoqué dans la série par les références à la montée des violences politiques dans les années vingt. Les notions de « tourist gaze » et de « dark heritage » sont mobilisées pour analyser les scènes de cabaret, les choix de lieux de tournage, etc.

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