Vidéo

Appartient au dossier : Effractions 2021

La BD documentaire articule l’artistique et l’investigation

La rencontre « Bande dessinée et documentaire : le réel en images », organisée en février 2021 dans le cadre du Festival littéraire Effractions, fait le point sur la manière dont la bande dessinée documentaire s’empare du réel et le donne à voir.

L’idée de mettre en image des reportages est apparue en France dans les années soixante au sein de la presse alternative avec des auteurs comme Cabu et Jean Teulé dans des revues comme Charlie Hebdo et L’Écho des Savanes. C’est dans les années quatre-vingt-dix, aux États-Unis, que la bande dessinée d’investigation fait son apparition avec des dessinateurs comme Joe Sacco et Art Spiegelman. Avec les années deux-mille, « la bande dessinée se rapproche du reportage photographique », raconte le dessinateur David Vandermeulen. Il cite la revue La Lunette, pionnière du genre, qui fait émerger Étienne Davodeau ou Fabrice Neaud. 

« La bande dessinée documentaire allie la liberté de la littérature et la force de l’image », selon l’écrivaine et journaliste Leïla Slimani. Parole d’honneur (2017), l’adaptation en bande dessinée de son reccueil de témoignages de femmes marocaines, Sexe et Mensonges (2016), illustre ce mode de narration, plus intuitif, permis par la bande dessinée. La concision des dessins permet de situer plus facilement la narration dans une époque et dans un contexte. Leïla Slimani ajoute que « dans la bande dessinée documentaire, la relation aux savoirs n’est pas la même que dans la littérature ».

Selon Pierre Coutelle, responsable du pôle Essais, savoirs et images de la librairie Mollat à Bordeaux, « la bande dessinée transforme du temps en espace et du savoir en image ». Il prend pour exemple L’Odyssée d’Hakim (2020)de Fabien Toulmé, qui retrace le périple d’un Syrien et de son fils qui fuient leur pays en guerre pour rejoindre la France. Dans ce récit, le dessin montre « l’irreprésentable » comme les camps de réfugiés, l’administration ou le commerce des passeurs.

Retrouvez la rencontre sur notre WebTV / WebRadio.

Publié le 04/04/2021 - CC BY-NC-SA 4.0

L'Odyssée d'Hakim

Fabien Toulmé
Delcourt, 2018

À travers L’Odyssée d’Hakim, Fabien Toulmé illustre des entretiens qu’il a menés en 2017 avec un jeune Syrien sur sa longue traversée entre la Syrie et la France. En trois volumes, cette bande dessinée raconte très simplement, tant sur le plan graphique que narratif, le parcours à peine croyable de ce jeune homme ballotté entre des évènements tragiques et des exigences administratives inadaptées.

Sans pathos et avec sensibilité, l’auteur nous place au plus près de son narrateur, se ménageant quelques allers-retours entre le récit du jeune Syrien et l’échange entre les deux hommes, réussissant ce triple voyage : celui d’Hakim et des tragédies qu’il va traverser, celui de l’auteur ébranlé par le récit qu’il reçoit et celui du lecteur qui découvre le sort douloureux et absurde d’un réfugié. Le récit redonne toute sa dimension humaine au sort d’un migrant par la voie du témoignage. Les aspirations simples d’Hakim tranchent avec l’extraordinaire réalité de sa nouvelle vie. Un point de vue salutaire sur le sort des habitants d’un pays en guerre, traité habituellement dans les actualités de manière globalisée comme phénomène de société.

À la Bpi, niveau1, RG TOU O1

Anaïs Nin : sur la mer des mensonges

Léonie Bischoff
Casterman, 2020

Anaïs Nin s’est toujours rêvée écrivaine. Elle qui a appris trois langues différentes en grandissant, a pris l’habitude de déverser ses pensées les plus intimes dans un journal qui restera toute sa vie au cœur de son activité littéraire. Mais au début des années trente, le talent d’Anaïs Nin n’est encore qu’en germe. Tout en travaillant à un essai sur D.H. Lawrence, elle s’efforce en vain de faire aboutir une ébauche de roman, soutenue par son mari, le délicat Hugh. C’est à cette époque qu’elle fait une rencontre qui va changer sa vie : celle de Henry Miller, écrivain américain précédé par sa réputation sulfureuse.

Léonie Bischoff met en scène la métamorphose de la jeune femme en écrivaine : avec Henry Miller, Anaïs Nin prend confiance en ses capacités d’écriture en même temps qu’elle découvre un plaisir érotique inédit. Avec un dessin délicat rehaussé par des couleurs au crayon, qui donnent toute sa lumière et sa fluidité à ce récit d’une éclosion, l’autrice fait le portrait d’une femme audacieuse et aimante qui, pour accéder à sa véritable identité, brise les entraves sociales et psychologiques qui la limitaient depuis l’enfance.

À la Bpi, niveau 1, RG BIS A

Sapiens : la naissance de l'humanité

David Vandermeulen
Albin Michel, 2020

L’historien décrit comment l’espèce Homo sapiens a réussi à survivre et à dominer la planète. Il poursuit son histoire de l’humanité en expliquant la naissance de concepts tels que la religion, la nation, les droits de l’homme. Il s’interroge également sur l’évolution contemporaine à travers des questions comme le poids de la bureaucratie ou la consommation de masse.

À la Bpi, niveau 1, RG HAR S1

Rédiger un commentaire

Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires

Réagissez sur le sujet