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Une Terre bis parmi les 7 373 exoplanètes détectées ?

7 373 planètes extrasolaires ont été répertoriées par les astrophysicien·nes au 10 décembre 2024. Si bon nombre d’entre elles sont qualifiées d’habitables, l’hypothèse d’un déménagement à l’autre bout de la galaxie relève toujours de l’utopie. À l’occasion du spectacle-conférence « WOW ! Cartographie 5 » sur les possibilités pour les humain·es de vivre ailleurs que sur Terre, présenté à la Bpi le 16 décembre 2024, Balises vous entraîne à la découverte des exoplanètes.

Image générée par IA

La découverte des exoplanètes

C’est en 1995 qu’a été découverte la première exoplanète, 51 Peg b ou 51 Pegasi b, par deux astrophysiciens suisses : Michel Mayor et Didier Queloz (prix Nobel 2019 pour cette découverte). La planète se situe à 50,9 années-lumière de la Terre (une année-lumière équivaut à 9,46 milliards de kilomètres), dans la constellation de Pégase. Elle est détectée par la méthode des vitesses radiales et la première représentation qui en est faite est loin d’être impressionnante : c’est une courbe (figure 25 de ce document) qui mesure la variation du spectre lumineux de l’étoile (par l’effet Doppler-Fizeau qui se produit quand une planète en orbite dévie légèrement la trajectoire de l’étoile). Ce sont les données du spectrographe ELODIE de l’observatoire de Haute-Provence, qui permettent aux deux scientifiques de démontrer l’existence de cette planète et de calculer sa masse et sa période orbitale (le temps de rotation de 51 Peg b autour de son étoile). 

Depuis, de nombreuses exoplanètes sont découvertes par des méthodes fondées sur l’observation du comportement des étoiles permettant de déduire l’existence d’une planète. Ces méthodes consistent à mesurer soit la déviation de l’étoile par rapport à son centre de gravité (méthode des vitesses radiales ou astrométrie), soit la variation de l’intensité de l’étoile lorsque la planète en orbite passe devant ou derrière celle-ci (méthode des transits), soit la déviation de la lumière (méthode de la lentille gravitationnelle). Chaque méthode a ses avantages et ses biais. Ainsi, celle utilisée par Mayor et Queloz favorise la détection de grosses masses, très proches de leur étoile.

Ces mesures d’observation peuvent être réalisées depuis la Terre ou depuis l’espace avec des télescopes spatiaux comme Kepler, à qui l’on doit la découverte de près de 2 600 exoplanètes. Un chiffre à relativiser au regard des 100 à 200 milliards de planètes estimées constellerait notre seule galaxie, soit au moins une planète pour chaque étoile. L’observation directe de ces planètes extrasolaires devient possible, au sol et dans l’espace, grâce à l’évolution des technologies. De grands télescopes sont équipés d’instruments ayant recours à plusieurs procédés : l’infrarouge qui permet de voir l’invisible, l’optique adaptative, le micro-balayage et des coronographes pour améliorer les contrastes et la qualité de l’image.

Des exoterres ?

Les exoplanètes sont classées selon leur taille et caractéristiques (composition, masse), et leur position par rapport à leur étoile. On appelle exoterre, une exoplanète qui ressemble à la Terre du point de vue de sa masse et sa position dans la zone habitable de son étoile. La première exoterre, Gliese 581c, est découverte en avril 2009. Elle se situe en zone habitable de Gliese 581, à 20 années-lumière de la Terre, et présente des similitudes avec celle-ci du point de vue des conditions supposées de surface, de température et de taille.

Elle semble donc réunir les conditions de la vie, comme le conçoit l’esprit humain en l’absence d’autres critères de vie connus : présence d’eau liquide, chimie du carbone (atmosphère) et énergie solaire. Ensuite, d’autres critères sont déterminants dans l’hypothèse de la viabilité d’un organisme humain : l’axe oblique de la planète et la période orbitale, la température à la surface… The Habitable Worlds Catalog (HWC) dénombre 70 exoplanètes sur plus de 5 000 identifiées, pouvant ou ayant abrité la vie, dont 29 seraient susceptibles d’être des planètes rocheuses possédant de l’eau en surface. D’autres découvertes ou confirmations d’hypothèses surviendront avec la mise en route de super télescopes comme l’Extremely Large Telescope (ELT) européen, ou grâce à l’optimisation du traitement des données avec l’aide de programmes participatifs ou avec celle de l’intelligence artificielle.

Toutefois, il serait utopique d’imaginer envoyer des êtres humains, dans un futur proche, coloniser une jumelle de la Terre présentant des conditions de vie optimales, ne serait-ce que par la distance à parcourir en année-lumière, explique Isabelle Vauglin, astrophysicienne au Centre de recherche astrophysique de Lyon (CRAL). En aucun cas, une exoterre n’est un plan B en cas de menace pour la survie humaine, qu’elle soit connue (réchauffement climatique) ou soudaine (guerre nucléaire, collision avec un astéroïde, pandémie…). Et si Mars a pu abriter la vie, les conditions de terraformation (transformation délibérée, par l’humanité, de l’environnement naturel de Mars afin de le rendre habitable) ne sont pas réunies pour dépasser le seuil de la science-fiction. Dans cette quête des mondes habitables, notre horizon le plus urgent demeure la préservation du seul habitat viable dont nous disposons : la Terre.

Publié le 16/12/2024 - CC BY-SA 4.0

Pour aller plus loin

Exoplanètes : à la recherche de la diversité des mondes | Conférence de l'observatoire de Lyon, 15 juillet 2020

Isabelle Vauglin, astrophysicienne au Centre de recherche astrophysique de Lyon (CRAL), nous emmène à la découverte des exoplanètes.

Laboratoire d'habitabilité planétaire (PHL) |

Le Laboratoire d’habitabilité planétaire (PHL) est un laboratoire de recherche dédié aux études sur l’habitabilité de la Terre, du système solaire et des mondes au-delà. Le PHL est géré par l’université de Porto Rico, à Arecibo.

Exoplanets | NASA Science

« La plupart des exoplanètes découvertes jusqu’à présent se trouvent dans une région relativement petite de notre galaxie, la Voie lactée (« Petite » signifie à quelques milliers d’années-lumière de notre système solaire ; une année-lumière équivaut à 9,46 milliards de kilomètres.) Même l’exoplanète la plus proche de la Terre, Proxima Centauri b , est encore à environ 4 années-lumière de nous. Nous savons qu’il y a plus de planètes que d’étoiles dans la galaxie.

En mesurant la taille (diamètre) et la masse (poids) des exoplanètes, nous pouvons voir des compositions allant de rocheuses (comme la Terre et Vénus) à riches en gaz (comme Jupiter et Saturne). Certaines planètes peuvent être dominées par l’eau ou la glace, tandis que d’autres sont dominées par le fer ou le carbone. Nous avons identifié des mondes de lave recouverts de mers en fusion, des planètes gonflées de la densité du polystyrène et des noyaux denses de planètes toujours en orbite autour de leur étoile. »

Panorama d'astronomie contemporaine. Du Big Bang aux exoplanètes

Gilbert Burki
Ellipses, 2020

Un panorama didactique richement illustré présentant l’évolution de l’Univers et son contenu : galaxies, étoiles, Système solaire, exoplanètes. © Électre 2020

À la Bpi, niveau 2, 52 BUR

Les Exoplanètes et les Corps célestes étranges. À la découverte des planètes extrasolaires

Quirantes Sierra, Arturo
Glénat, 2024

Depuis la découverte de Pegasi 51 b en 1995, la Nasa a confirmé l’existence de 5 500 exoplanètes. Les contributeur·rices mettent en lumière les méthodes utilisées pour détecter, classer et analyser ces planètes situées hors de notre Système solaire, abordant la question de la vie extraterrestre ou encore de l’habitabilité de certaines d’entre elles. © Électre 2024

À la Bpi, niveau 2, 524.6 QUI

Découverte de l'astronomie par l'exemple : la planète extrasolaire Proxima b

Michel Dobrijevic
Ellipses, 2021

Un cours d’astronomie dont l’objectif est de présenter les notions de base de la discipline, qui font appel aux différents cours de physique de licence en abordant notamment la mécanique du point, l’optique géométrique, l’optique ondulatoire, la physique des particules et la mécanique des fluides. Avec des exercices corrigés. © Électre 2021

À la Bpi, niveau 2, 523.5 DOB

 

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