Doit-on parler de découverte ou d’invention du monde ?
La division du monde en continents semble une évidence relevant de la géographie physique, de même que l’existence de frontières naturelles. Pourtant…
Un continent est une grande étendue de terre bordée par des océans… Or, l’Europe n’en est pas une, elle a une frontière terrestre avec l’Asie. C’est Diderot qui a imposé l’Oural comme limite pour remercier Catherine de Russie d’avoir sauvé financièrement l’Encyclopédie.
Combien y a-t-il de continents ? Le nombre varie de deux (l’Ancien Monde, le Nouveau Monde) à sept (trois du Vieux Monde, deux Amériques, l’Australie et l’Antarctique), selon les époques et selon les pays. En France on découpe le monde en cinq parties, on en compte six en Allemagne, sept au Royaume-Uni qui sépare les deux Amériques, du Nord et du Sud.
Certaines cartes montrent l’Afrique comme une île, effaçant sa frontière terrestre avec l’Asie. C’est seulement au 18e siècle que la mer Rouge devient la séparation entre l’Afrique et l’Asie, rôle jusque là dévolu au Nil. Et la mer Méditerranée était un trait d’union, jusque la période coloniale, plus qu’une barrière. Tandis que le Sahara a marqué longtemps une coupure entre le Nord et le Sud de l’Afrique et les grandes civilisations africaines de l’Ouest avaient peu de lien avec celle de l’Est.
Comment établir une histoire du continent africain alors qu’il est une invention européenne datant de l’époque coloniale ?
L’Océanie, continent atypique, avec comme principale partie l’Australie, une île qui se revendique continent, a été progressivement réduit : aujourd’hui l’Indonésie, les Philippines ont été rattachées à l’Asie. Autant d’exemples qui montrent le caractère artificiel et construit historiquement du découpage de la Terre en continents.
L’invention des continents : Comment l’Europe a découpé le Monde Christian Grataloup (Larousse, 2009) Pourquoi, lorsque nous cherchons à nous orienter, les boussoles indiquent-elles la direction du Nord ? Qui a découvert l’Océanie ? Combien y a-t-il de continents ? Cinq, comme le pensent les Français, ou six, comme le croient les Anglais ? La Turquie fait-elle partie de l’Europe ? S’il y a bien une chose qui semble aller de soi, c’est notre traditionnelle représentation du monde. Le schéma semble simple : les continents seraient de très grandes îles, donc un fait de nature. Et pourtant, ce découpage a une histoire, il s’est imposé peu à peu, et a toujours été affaire de points de vue (ceux des explorateurs, ceux des géographes, ceux des commerçants ou des colonisateurs), nécessairement réducteurs dans leur classification. Des fascinantes mappemondes médiévales aux plafonds baroques, des allégories de la Renaissance aux sculptures impérialistes des chambres de commerce, c’est à un formidable voyage à travers notre vision de la planète, fragmentaire, contradictoire, contestable et sans cesse retouchée, que Christian Grataloup nous convie. À la Bpi, niveau 3, 911(091) GRA
« Une carte de l’élargissement de l’horizon géographique au début du XXe siècle« , Jean-Baptiste Arrault, M@ppemonde 92 (2008.4) La carte intitulée «Planisphère montrant l’élargissement progressif de l’horizon géographique», qui constitue la première figure du Traité de géographie physique d’Emmanuel de Martonne, a pour fonction de montrer l’impact de la colonisation dans l’élaboration de la géographie comme science à la fin du XIXe siècle, à un moment où la Terre paraît entièrement connue. Elle incarne aussi la prise de conscience d’une mondialisation sous la forme d’une européanisation du globe produite par la colonisation. À consulter en ligne
« Un espace : L’Eufrasie« , Vincent Capdepuy, M@appemonde 104 (2011.4) Le découpage de l’espace mondial en continents est le résultat d’un processus pluriséculaire caractérisé en particulier par la division de l’Ancien Monde en trois continents: l’Europe, l’Afrique, l’Asie. L’appellation d’«Ancien Monde», résultant de la découverte de l’Amérique, souligne l’unité d’un espace dont les trois parties n’ont en réalité jamais été séparées les unes des autres. Cependant cette formule est aujourd’hui obsolète, trop connotée par son eurocentrisme, et ne peut plus être acceptée. Par ailleurs, le nom d’«Eurasie», qui a le mérite de réunir l’Europe et l’Asie dans leur continuité, a l’immense inconvénient de mettre l’Afrique au ban de la géohistoire, alors même que les relations entre l’Afrique et l’Eurasie sont anciennes et pérennes, du côté de la Méditerranée, du côté de l’Arabie comme du côté de l’océan Indien. C’est pourquoi on propose ici d’utiliser un nom nouveau, celui d’Eufrasie. A consulter en ligne
« L’Afrique comme pictogramme : Un continent souvent réduit à ses contours », Eloi Ficquet, Cahiers d’études africaines, 2010/2-3-4 N°198-199-200, p. 405-718. L’Afrique a une forme immédiatement reconnaissable. Il suffit de la représenter en quelques traits, par le tracé de ses contours côtiers. Elle s’impose à l’esprit, constituant une unité tangible. Il n’en est pas de même pour les autres continents. Cet article étudie la constitution historique de cette icône, de cet objet graphique qui accède même au statut de logo. La lecture d’un planisphère, image aplatie et réduite du monde, est fondée sur une distinction de quelques grands sous-ensembles, les continents. Cette vision simplifiée est devenue un arrière-plan de l’imaginaire largement partagé et indiscuté, qui a notamment servi de châssis aux conceptions réductrices concernant l’Afrique en tant que totalité indifférenciée. A consulter à la Bpi sur le site Cairn.info
La lecture d’un planisphère est pour nous évidente : le Nord est en haut, le Sud en bas…Or ce sens de lecture des cartes a changé. Au Moyen Age, les cartes étaient orientées vers l’Est, l’« Orient » (racine étymologique du verbe « orienter »), vers le soleil levant, Jérusalem, le paradis terrestre… La réorientation des cartes vers le Nord est attribuée à l’usage de la boussole au moment des grandes explorations européennes. Mais ce qui est en haut apparaît valorisé et la tentation est grande d’inverser le sens. Un Australien du nom de Stuart McArthur a publié une carte « à l’envers » en 1979 qui a connu un grand succès dans l’hémisphère Sud.
La représentation traditionnelle du planisphère avec pour centre les deux rives de l’Atlantique est contestée : les Etats-Unis et l’Europe ne représentent plus que 9 % de la population mondiale tandis que l’Asie et le Pacifique (plus de la moitié de la population du globe) sont rejetés dans les marges de la carte.
Derrière chaque carte, il y a une intention, une vision du monde – une réorganisation du monde -, voire une volonté de conquête et d’annexion d’un territoire.
La bataille des cartes : analyse critique des visions du monde Michel Foucher, Pascal Orcier, cartographe (François Bourin éditeur, 2011) Actuellement, le globe connaît une réorganisation radicale, les cartes sont redistribuées, la planète se couvre de gigantesques chantiers, la coupure Nord/Sud remplace l’opposition Est/Ouest, les pays dits émergeants projettent leurs ambitions économiques, culturelles et géopolitiques, le monde devient multipolaire. Toutes nos cartes mentales –à nous Français, Européens, Occidentaux – méritent une profonde et intelligente mise à jour, sans crainte ni nostalgie. Comprendre le monde réel et ses enjeux passe par une nouvelle cartographie. En compagnie de Pascal Orcier, son cartographe, Michel Foucher s’est lancé dans un nouveau tour du monde. Passant de cartes anciennes en cartes inédites et d’une escale à l’autre, il nous livre les résultats de cet étonnant parcours, en reliant l’avenir au passé et en confrontant les perspectives. Grâce à lui, la Terre, notre Terre, nous révèle son nouveau visage. À la Bpi, niveau 3, 914(084) FOU
« La limite Nord/Sud« , Vincent Capdepu, M@appemonde, l’image du mois. L’auteur tente de saisir le moment de l’apparition de la ligne séparant le Sud du Nord qui a supplanté la division Est/Ouest de notre espace-Monde. Cette ligne s’avère ne pas être qu’une représentation cartographique puisque c’est bien sur cette frontière que les murs sensés protéger les pays riches du Nord sont édifiés (barbelés de Ceuta et Melilla, mur entre les Etats-Unis et le Mexique). Ou comment un rideau de fer succède à un autre. À consulter en ligne
« Les évangélistes cartographient le monde : Le spiritual mapping« , Nadège Mézié, Archives de sciences sociales des religions [en ligne], 142, avril-juin 2008, mis en ligne le 20 octobre 2011 L’article débute sur un rappel de l’histoire de la cartographie missionnaire qui connaît son « grand siècle » au 19e siècle. Il inscrit dans cette filiation le spiritual mapping qui se développe à la fin des années 1980 et au début des années 1990 au sein du milieu évangélique américain. Cette nouvelle cartographie missionnaire se présente comme une stratégie pour localiser les besoins en missionnaires dans le monde, définir les axes d’action pour mener leur guerre spirituelle, qualifier les cibles (l’ « Axe du Mal » constitué par les « trois blocs religieux » : islam, bouddhisme, hindouisme !). Cet activisme extrémiste religieux correspond à la période de la présidence de George Bush Jr., et à la guerre du Golfe, quand la montée en puissance de l’islamisme radical et l’amalgame islam, terrorisme sont l’obsession de la politique étrangère américaine. Dans un souci de viabilité, de crédibilité et d’efficacité, les missions s’arment d’instruments de haute technicité et d’outils marketing.
« Entre Syrie et Israël : les cartes topographiques du Joulân-Golan, vecteurs de revendications territoriales », Michael F Davie, M@ppemonde 80 (2005.4) Les contenus de deux cartes topographiques récentes au 1/100 000, publiées par les services cartographiques nationaux syriens et israéliens et couvrant un même secteur du plateau du Joulân-Golan, ont été comparés. Les deux documents s’accordent sur la position d’éléments topographiques, mais divergent sur la nature et le sens accordés à la représentation de productions humaines. La carte syrienne montre la frontière internationale, la toponymie arabe ainsi que les villages syriens dans leur état de 1967, mais également les bourgs et la nouvelle infrastructure routière israélienne. La carte israélienne montre un plateau annexé à Israël stricto sensu par l’absence d’une frontière et une nouvelle toponymie; les anciens villages syriens sont des «ruines». Les désaccords sur la représentation du même espace signalent que ces cartes sont traversées par des discours nationalistes, sioniste ou arabe syrien, confortant les idéologies de leurs pays d’origine. À consulter en ligne
« La carte et l’humanitaire« , Julien Bousac, Humanitaire [En ligne], 32, 2012, mis en ligne le 30 juillet 2012 La cartographie serait-elle aussi un « sport de combat » ? C’est en tout cas le propos de Julien Bousac, historien de formation, arabisant, humanitaire et cartographe qui détourne et contourne les cartes pour faire voir autrement le monde et ce qui s’y passe. Il réfléchit sur son travail de cartographie en 2008 dans les Territoires palestiniens.
« Cartographie et action humanitaire : table ronde organisée le 30 mai 2012″, Humanitaire [En ligne], 32, 2012, mis en ligne le 30 juillet 2012 Table ronde organisée par Olivier Bernard (pédiatre et président de Médecins du Monde), Maeve de France (experte en SIG, présidente de l’ONG CartONG), Barbara Loyer (directrice de l’Institut français de géopolitique, Jasmine Salachas (cartographe et animatrice des Cafés Carto), Chloé Roger (coordinatrice de la mission Médecins du Monde à Madagascar, site de Sambaya),Gaël Musquet (fondateur d’OpenStreetMap/Crisis Camp), Guillaume Fourmont (rédacteur en chef des magazines Carto et Moyen-Orient). Une réflexion collective sur l’utilisation des cartes en situation d’urgence. La question de l’origine des sources s’impose quand les ONG sont obligées d’utiliser les même cartes que les militaires ou les Nations Unies ; et la question de la compétence quand les cartes doivent être entièrement refaites comme en Haïti par des contributeurs dont ce n’est pas le métier alors que les données cartographiques, les calculs des mesures de la Terre sont le fruit de tout un travail de spécialistes internationaux à partir d’informations satellitaires… OpenStreetMap, créé en 2004 en Angleterre, est un outil collaboratif de type « Wiki » qui permet aux associations de créer des cartes en lien avec leurs actions humanitaires.
L’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) en 1963 décide de ne pas remettre en cause les frontières héritées de la colonisation de peur d’une balkanisation de l’Afrique. Ces frontières découlent pourtant d’un partage à la règle et au crayon à même la carte de l’Afrique lors de la conférence de Berlin en 1884-1885 où les puissances coloniales, Britanniques, Français, Allemands, Belges, Portugais, etc. entérinèrent les limites de leurs avancées sur le terrain pour empêcher les conflits entre colonisateurs. Les frontières sont-elles un élément de stabilité ?
L’obsession des frontières Michel Foucher (Perrin, collection tempus, 2007) On a un temps pensé que la mondialisation, en plus d’aplatir la terre, abolirait les frontières. Or depuis une vingtaine d’années, près de 30 000 kilomètres de frontières nouvelles ont été tracés rien qu’en Europe et en Asie centrale, et autant ont fait l’objet d’accords internationaux. A travers un tour du monde géopolitique, Michel Foucher montre que les conflits les plus graves portent sur la délimitation des territoires : entre Israël et ses voisins ; entre le Pakistan, l’Inde et l’Afghanistan. Il observe l’édification de murs et de barrières en Amérique du Nord, au Proche-Orient, en Asie du Sud. Partout, caméras, clôtures et patrouilles prolifèrent ; La « sécurité » est devenue le corollaire de la mondialisation. Les frontières sont devenues un marché florissant. Mais jusqu’où ce processus de morcellement du territoire peut-il aller ? C’est la question posée par cet ouvrage qui, pour la première fois et grâce à de multiples analyses de terrain, offre une vision planétaire de ce phénomène inquiétant. À la Bpi, niveau 3, 913.6 FOU
« La décolonisation d’un lieu commun : L’artificialité des frontières africaines : un legs intellectuel colonial devenu étendard de l’anticolonialisme », Camille Lefebvre, Revue d’histoire des Sciences humaines, 2011/1 n°24, p. 77-104 À l’issue de la seconde guerre mondiale, la pérennité du système colonial est largement questionnée. Parmi les affrontements idéologiques et les débats intellectuels vifs des années 1940-1960 autour de l’avenir de la colonisation et du continent africain, un thème récurrent fait consensus : l’artificialité des frontières africaines. Développé dans les années 1930 par plusieurs experts reconnus dans le cadre des sciences coloniales, le thème de l’artificialité des frontières africaines a en effet rapidement dépassé ce cadre étroit et s’est diffusé largement et notamment chez les leaders nationalistes et panafricains. Néanmoins, de ce discours transparaît une vision de l’Afrique fondée sur l’exceptionnalité de ce continent où n’existerait qu’une territorialité identitaire, exclusive de toute définition politique du territoire. L’artificialité des frontières contribue ainsi à la redéfinition théorique du continent africain dans une irréductible différence. À consulter gratuitement à la Bpi sur le site Cairn.info
« Couper la Guinée en quatre ou comment la colonisation a imaginé l’Afrique », Odile Goerg, Vingtième siècle. Revue d’histoire, 2011-3 n°111, p. 73-88 Imprégnés des théories qui dominent en France au tournant du 20e siècle, voyageurs et publicistes découvrant la Guinée tout autant qu’administrateurs construisirent une vision de la colonie cadrant avec le modèle français, celui de l’invention des « pays ». Cet article explore les racines coloniales de la division de la Guinée en quatre régions dites naturelles et en suit les avatars jusqu’à l’époque contemporaine. Ce découpage géographico-administratif, qui s’inscrit dans un héritage historique et culturel, eut un impact sur la représentation du pays et de ses populations, sur les identités régionales, et par la suite, sur certains choix politique. La mise au jour du processus de quadripartition de la Guinée, perpétuée au-delà de l’indépendance, s’offre en exemple pour approcher d’autres constructions similaires et interroger l’ethnicisation contemporaine du politique en Afrique. À consulter gratuitement à la Bpi sur le site Cairn.info
« S’approprier le territoire national, devenir nigérien », Camille Lefebvre, Hypothèses, 2005/1 p. 25-35 La formation de l’espace national nigérien est un processus lent qui s’inscrit dans la durée. L’occupant colonial français colonial a tracé les frontières de l’espace national. Celui-ci s’est transformé en un territoire national souverain lors de l’indépendance. Le nouvel état nigérien a conservé la logique de surveillance de ce territoire très vaste et de défense face à l’extérieur sans le doter au Nord comme au Sud, des mêmes infrastructures de transport, des mêmes manuels scolaires, d’un seul réseau d’écoles ou d’administrateurs. Les frontières sont restées longtemps mobiles et non hermétiques. Toutes n’avaient pas été cartographiées par le colonisateur. Seul le discours officiel unifie le territoire face aux territoires ethniques et commence à fédérer la population. À consulter gratuitement à la Bpi sur le site Cairn.info
Quelles cartes pour l’Afrique ? Les sociétés africaines doivent-elles dresser des cartes conformes aux canons de la modernité européenne ? Doivent-elles laisser aux autres le soin de représenter leurs espaces ? Les peuples autochtones, spoliés de leurs terres pendant des siècles doivent-ils s’emparer des outils du colonisateur (cadastre, cartes) pour se réapproprier leur territoire indivisible et sacré ?
Etudes africaines de géographie par le bas = African studies in geography from below Sous la direction de Michel Ben Arrous et Lazare Ki-Zerbo (Codesria [Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique ] (Dakar), 2009) Les auteurs de ce livre ont pris le parti de distinguer la construction du territoire « par le haut » comme une mise en oeuvre d’un projet politique délibéré, et sa formation « par le bas », comme un processus historique plus diffus, déterminé par le jeu des antagonismes et des compromis entre forces sociales. Ainsi, après avoir opposé à la géographie officielle des cartes et des atlas, établie et défendue par les Etats constitués, une géographie par le bas qui engloberait le « populaire », l’ « informel », le « subalterne », le « clandestin », ces chercheurs africains soulignent la nécessité de faire interagir les deux approches dans une relation dialectique ; ceci afin de mieux appréhender la question des frontières, la question de la violence, des identités en mouvement, des migrations… À la Bpi, niveau 3, 914(6) BAS
« Cartographies autochtones. Eléments pour une analyse critique », Hélène Hirt, L’Espace géographique, 2009/2, vol.38, p.171-186 Les cartographies autochtones constituent un champ encore peu exploré par la géographie francophone. Cet article propose un examen de la littérature anglophone sur le sujet, en rendant compte de ses principaux débats théoriques. Ceux-ci sont relatifs à l’usage de la cartographie occidentale par les peuples autochtones, en le considérant tantôt comme un instrument d’« empowerment », tantôt comme un outil d’assimilation culturelle. Ces aspects sont examinés à la lumière d’une expérience de cartographie réalisée par les Mapuches au Chili. À consulter gratuitement à la Bpi sur le site Cairn.info
« Cartographie et peuples autochtones : géographie postcoloniale ou néocoloniale ? L’exemple de Chodoy lof mapu au Chili », Irène Hirt (M@ppemonde, l’image du mois) Les Mapuche sont le peuple autochtone le plus important du Chili (entre 4 à 10 % de la population totale du Chili). Ils se sont emparés des outils cartographiques occidentaux pour réaffirmer leur géographie et leur histoire et reconquérir leurs terres. Comme les autochtones d’Amérique du Nord et du Sud, les Inuit, les Aborigènes d’Australie et les Maori de Nouvelle-Zélande, ils sont convaincus du « pouvoir des cartes » mais risquent d’assimiler la culture de l’Etat-nation qui fige les limites des territoires, crée des conflits entre communautés, etc. La participation des géographes à des projets de cartographie participative dans des communautés autochtones oblige ceux-ci à réviser le rôle qu’ils ont joué dans la conquête et la colonisation européenne et à éviter, si faire se peut, de mettre en place de nouvelles formes de colonialisme et d’impérialisme.
Vidéocartographies : Aïda, Palestine (film documentaire) Till Roeskens, Marseille : Till Roeskens [prod., distrib.], 2008
« J’ai demandé aux habitants du Camp Aïda à Bethléem d’esquisser des cartes de ce qui les entoure. Les dessins en train de se faire ont été enregistrés en vidéo, de même que les récits qui animent ces géographies subjectives. A travers six chapitres qui forment autant de courts-métrages potentiellement indépendants, vous découvrirez pas à pas le camp de réfugiés et ses environs, vous suivrez les trajets de quelques personnes et leurs tentatives de composer avec l’état de siège sous lequel ils vivent. Un hommage à ce que j’appellerai résistance par contournement, à l’heure où la possibilité même de cette résistance semble s’évanouir. » (Till Roeskens). Le dispositif paraît simple. Pourtant, ces dessins exécutés par la main-même du locuteur en même temps qu’il les commente, leur agencement par le réalisateur, produisent une montée en puissance qui laisse le spectateur accroché à ce qu’il voit et entend, même si, avant de voir le film, il se disait qu’il avait déjà tout vu et entendu sur la question. À consulter à la Bpi, dans tous secteurs sauf en Presse. La présentation en ligne.
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